(Venise) Le cinéaste Yvan Attal s’attaque à la question de l’existence d’une « zone grise » autour du consentement dans Les choses humaines, adaptation d’un roman à succès présenté jeudi à la Mostra de Venise, dans lequel il enrôle son fils.

Le film, présenté hors compétition, reprend la trame du roman de Karine Tuil, prix Goncourt des lycéens et prix Interallié en 2019 : une jeune femme porte plainte contre le fils de la nouvelle compagne de son père, qui l’aurait violée à la fin d’une soirée étudiante.

Ce dernier, issu de la haute bourgeoisie intellectuelle et médiatique parisienne, nie tout rapport sexuel contraint, invoquant la « zone grise » du consentement face à une partenaire qui n’aurait pas dit « non », mais va finir par être mis en examen pour viol et jugé.

Le film ne tranche jamais en faveur de l’un ou de l’autre protagoniste, laissant le spectateur se faire son intime conviction entre les deux versions des mêmes faits, qui ne sont jamais montrés à l’écran. « Le but ultime, c’est d’être bringuebalé entre les deux », explique Yvan Attal.

PHOTO MARCO BERTORELLO, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’équipe du film Les choses humaines : l’actrice Audrey Dana, l’acteur Ben Attal, fils du réalisateur, le réalisateur Yvan Attal et l’actrice Suzanne Jouannet.

Le réalisateur de Mon chien stupide (2018) et Le brio (2017), 56 ans, a fait une nouvelle fois appel à sa compagne, Charlotte Gainsbourg, pour interpréter la mère du jeune accusé, une militante féministe, et a aussi entraîné dans l’aventure leur fils Ben Attal, à qui il offre le premier rôle.

Se mettre dans la peau de ce jeune étudiant brillant de Stanford qui n’arrive pas à prendre conscience qu’il a agressé une jeune femme sur laquelle il a de l’ascendant était « très, très compliqué », explique Ben Attal, 24 ans, à l’AFP.

« J’aimerais aimer ce personnage, mais je ne comprends pas comment quelqu’un d’aussi intelligent puisse ne pas comprendre l’émotion de l’autre », ajoute-t-il. « Je ne peux pas cautionner ça ».

Face à lui, la victime, Mila, est jouée par une nouvelle venue, Suzanne Jouannet, qui espère que le film puisse permettre « d’ouvrir le dialogue. Sur la “zone grise”, les gens ne sont pas à l’aise, c’est subjectif ».

Pourquoi Yvan Attal a-t-il choisi son fils ? « Je voulais un garçon pour lequel on ne ressente pas tout de suite une répulsion, un gentil garçon », a répondu le réalisateur, qui s’intéresse à « ce qui fait qu’il n’a pas pu voir que cette fille ne voulait pas ».