Il n'y avait pas que les villes françaises de Sète et Noirmoutier dans la vie d'Agnès Varda, mais aussi Los Angeles, où elle vécut avec Jacques Demy. Une période riche en amitiés (Warhol, Jim Morrison) et féconde malgré des films passés souvent inaperçus à leur sortie.

Los Angeles, «j'y viens depuis si longtemps. D'abord avec Jacques Demy pendant les années 60. On y a eu une vie extraordinaire, il travaillait pour (les studios de) la Columbia. Et puis on est revenus en 1979 pour trois ans», confiait Agnès Varda à l'AFP en 2017, avant de recevoir un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Si cette réalisatrice pionnière de la Nouvelle vague française, figure du cinéma dans le monde et inspiratrice de générations d'artistes, trouvait New York «trop électrique», elle n'a jamais caché sa fascination pour la cité des Anges, découverte en plein «flower power».

Elle s'y était fait de nombreux amis. Parmi eux, Warhol, Jim Morrison, «des petits jeunes qui débutaient comme Spielberg, Lucas, Scorsese et Coppola». «On a aussi rencontré des légendes d'Hollywood, Gregory Peck et même Mae West», disait la cinéaste, décédée en France dans la nuit de jeudi à vendredi à l'âge de 90 ans.

Amoureuse des plages (elle leur consacra un film) elle a bien sûr été marquée par celles de Venice et de Santa Monica. «Elles ont été nos décors de vie et de films, dont pour moi, un film hippie et un film triste».

En Californie, la pionnière de la Nouvelle vague a pris sa caméra et tourné coup sur coup plusieurs court métrages dont Uncle Yanco (1967), portrait de son «oncle d'Amérique», Jean Varda, un peintre très lié au mouvement hippie.

Avec Black Panthers (1968), elle a capté les manifestations à Oakland liées au procès de Huey Newton, leader du mouvement de contestation afro-américain.

«Moi je viens de Los Angeles dès qu'il y a une manifestation, un meeting ou une marche. Je dis "French Television", je souris et je circule librement parmi les grands Noirs qui font leur entraînement», se souvenait-elle avec malice.

Dans Lions Love... (and Lies) (1969), un long métrage de fiction cette fois-ci, elle filme la liberté sexuelle, les drogues et le mouvement «peace and love».

Dix ans plus tard, elle retourne en Californie et tourne sa caméra vers les muralistes de Los Angeles (Mur murs, 1981) ... sans savoir que sa collaboration avec un artiste de rue - JR pour Visages, villages - lui ouvrira grand les portes d'Hollywood, presque 25 ans plus tard... avec une nomination aux Oscars.