Le réalisateur François Girard s'est réjoui lundi de voir que son film Hochelaga, terre des âmes avait été choisi pour représenter le Canada dans la course à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, tant en raison du travail accompli que pour le coup de pouce donné pour sa future diffusion en salle.

«C'est le fruit d'un grand travail collectif. Le producteur Roger Frappier l'a tenu à bout de bras depuis plus de trois ans, a dit M. Girard en entrevue téléphonique depuis New York, où il travaille à une mise en scène pour le Metropolitan Opera. Cette nomination arrive aussi à un moment où le climat est difficile pour le cinéma, où la distribution est de plus en plus menacée. Ce genre d'événement peut faire une différence pour la présence du film au grand écran.»

Présenté en première mondiale à Montréal et au festival de Toronto il y a deux semaines, le film relate l'histoire du territoire de Montréal sur une période de 750 ans, depuis l'occupation par les peuples iroquoiens jusqu'à nos jours. On y retrouve entre autres les comédiens Samian, Vincent Perez, Wahiakeron Gilbert, Sébastien Ricard et Tanaya Beatty.

M. Girard insiste sur les nombreuses langues employées dans l'oeuvre. «Il est important de noter que dans le film, il n'y a pas que le français. Il y a aussi le mohawk et l'algonquin, qui sont des langues des nations fondatrices de notre peuple, de notre pays. Il y a aussi un peu d'arabe, de créole, de latin. C'est donc un film de langues très étrangères», a souligné le réalisateur, dont le film Le violon rouge avait décroché l'Oscar de la meilleure musique en 2000.

Alors que certains croyaient que 1:54 de Yan England serait retenu, le film produit par Roger Frappier (Max Films) est celui qui a séduit les 23 délégués des principaux organismes gouvernementaux et associés de l'industrie audiovisuelle du pays formant le comité de sélection.

En entrevue, la directrice générale de Téléfilm Canada, Carolle Brabant, rappelle que tant le vote que le contenu de l'analyse ayant mené au choix demeurent secrets. «Ce que je peux vous dire est que nos directives au jury sont de choisir un film qui a une équipe capable de le soutenir et une oeuvre avec des valeurs universelles.»

Roger Frappier, qui en est à sa huitième sélection pour représenter le Canada aux Oscars (deux de ses films, Le déclin de l'empire américain et Jésus de Montréal de Denys Arcand, ont été finalistes), estime que les valeurs spirituelles d'Hochelaga correspondent d'emblée à la définition d'un film universel. «Hochelaga, terre des âmes est à la fois un film dramatique, historique, musical mais surtout spirituel. C'est le film le plus spirituel que j'ai produit depuis Jésus de Montréal. Cette spiritualité qui s'installe dans le film rejoint tout le monde.»

La 90e cérémonie des Oscars aura lieu le 4 mars 2018 à Hollywood. D'ici là, Hochelaga doit franchir deux autres étapes avant de se retrouver à la grande soirée, soit une sélection parmi les neuf films retenus au deuxième tour (la short list) d'ici la fin de l'année et une sélection parmi les cinq finalistes, qui seront annoncés en janvier.

Les derniers films canadiens soumis

2016: Juste la fin du monde, Xavier Dolan

2015: Félix et Meira, Maxime Giroux

2014: Mommy, Xavier Dolan

2013: Gabrielle, Louise Archambault

2012: Rebelle, Kim Nguyen (finaliste à l'Oscar)

Quelques films soumis pour l'Oscar en 2018

France: 120 battements par minute, Robin Campillo

Autriche: Happy End, Michael Haneke

Cambodge: First, They Killed My Father, Angelina Jolie

Allemagne: In the Fade, Fatih Akin

Suède: The Square, Ruben Östlund

- Avec La Presse Canadienne