Le cinéaste américain George A. Romero, dont le film-culte Night of the Living Dead a lancé le genre des films de zombies, est décédé dimanche à l'âge de 77 ans, a annoncé son gérant.

«Le réalisateur légendaire George A. Romero est décédé dimanche 16 juillet, en écoutant la bande originale de The Quiet Man de John Ford, un de ses films préférés», a déclaré Chris Roe dans un communiqué.

«Il est mort en paix dans son sommeil, après un combat bref mais déterminé contre un cancer du poumon, laissant derrière lui une famille aimante, beaucoup d'amis et un héritage cinématographique qui a persisté et continuera de persister, à l'épreuve du temps», a ajouté son gérant.

Sa femme et sa fille étaient à ses côtés, selon le communiqué.

Tourné en noir et blanc, avec un budget d'à peine plus de 100 000 dollars et des acteurs inconnus, Night of the Living Dead, sorti en 1968, raconte l'assaut d'une ferme isolée par une horde de morts sortis de leurs tombes à la suite d'une mutation.

Avec son esthétique gore, il sera considéré plus tard comme une critique subversive de la société américaine des années 1960, jouant sur les frayeurs d'une époque marquée par la guerre du Vietnam, la lutte pour les droits civiques, la course aux armements et la fascination pour les ovnis.

Le film, devenu un classique, a rapporté plus de 30 millions de dollars à travers le monde. Le réalisateur avait reconnu s'être inspiré du roman de science-fiction I Am Legend de Richard Matheson, paru en 1954.

Avec ce long métrage, «j'ai commencé quelque chose dont je n'ai jamais pu m'échapper. Dont je n'ai jamais voulu m'échapper!», confiait George A. Romero dans les notes de production de Land of the Dead, sorti en 2005, qui s'inscrit dans sa saga dédiée aux morts-vivants.

Nouveau genre cinématographique

Nourri aux BD et aux films d'épouvante, le réalisateur, né en 1940 d'un père cubain et d'une mère américano-lituanienne, était aussi l'auteur de longs métrages entre épouvante, fantastique et comédie macabre comme Creepshow (1982), ou dans un autre genre, Knightriders (1981), retraçant l'épopée d'une troupe ambulante de chevaliers-motards.

Night of the Living Dead a donné naissance à un nouveau genre cinématographique, devenu incontournable à Hollywood. Les zombies ont envahi plus tard le monde des jeux vidéos et des séries télévisées.

À l'annonce de son décès, les hommages se sont multipliés. «Triste d'apprendre que mon collaborateur favori - et ami de longue date - George Romero est mort. George, il n'y aura jamais personne comme toi», a twitté l'écrivain Stephen King, maître du roman d'horreur.

Le réalisateur de films d'horreur Eli Roth a salué George A. Romero pour avoir «fait face au racisme il y a 50 ans», en confiant le rôle principal de Night of the Living Dead à un acteur afro-américain, Duane Jones.

«Romero est décédé. Difficile de trouver les mots pour l'instant. La perte est tellement grande», s'est désolé le Mexicain Guillermo del Toro, réalisateur du film fantastique Pan's Labyrinth.

WIKICOMMONS

Une scène de Night of the Living Dead.

«Chaque film de la saga reflète à sa manière le climat politique et social de son époque. Si les histoires que j'y raconte sont finalement assez proches les unes des autres, elles prennent tout leur sens par le contexte dans lequel elles se situent, par l'évolution du monde et de la société sur plusieurs décennies», expliquait George A. Romero.

La plupart de ses films ont été tournés à Pittsburgh, en Pennsylvanie, ville où il a fait ses études universitaires, ou dans les alentours.

Night of the Living Dead a été ajoutée en 1999 au Registre national des films aux États-Unis, qui regroupe des oeuvres considérées comme «culturellement, historiquement ou esthétiquement importantes».