Le Connecticut pourrait devenir le premier État américain à restreindre le niveau de décibels des films en vertu d'un projet de loi qui s'attire les critiques de la Motion Picture Association of America.

Le comité de la sécurité publique examine le projet de loi, qui devrait empêcher les cinémas de diffuser un film ou une bande-annonce dépassant les 85 décibels. Le National Institute for Occupational Safety and Health recommande en effet que le bruit soit maintenu sous cette limite pour les travailleurs lors d'un quart de huit heures afin de réduire les dégâts au système auditif.

«Avec un peu de chance, il s'agira là d'un appel à l'action pour que les propriétaires de cinéma et la MPAA se réveillent et agissent pour le bien du public, tout en respectant leurs volontés», a déclaré William Young, l'une des personnes ayant fait pression pour que cette mesure soit adoptée. «La nécessité d'une bande sonore aussi forte m'échappe.»

Selon Jon Griffin, un spécialiste au sein de la National Conference of State Legislatures, le Connecticut pourrait devenir le premier État à réglementer le niveau sonore maximum pour les films.

Un législateur new-yorkais avait déjà tenté une démarche du genre concernant les bandes-annonces et les publicités plus bruyantes que les films, sans succès.

Pour le Dr Robert Dobie, un expert sur la perte d'audition provoquée par le bruit, la limite de 85 décibels concerne toutefois l'exposition prolongée des travailleurs, et non pas les sons parfois forts des films.

«L'exposition est si brève et intermittente que personne disposant d'une expertise ne dira jamais qu'il y a un risque réel de dégâts à l'ouïe, soutient-il. Je suis sûr que l'exposition dans les films n'est absolument pas dangereuse. C'est le mélange de niveau sonore et de durée qui importe.»

Comme comparaison, l'American Tinnitus Association précise que le seuil de 85 décibels était l'équivalent du son d'un trafic automobile moyen, le niveau de 80 décibels correspond à un radio-réveil à une distance de moins d'un mètre, et 100 décibels, un séchoir à cheveux en fonction.

Aux yeux du vice-président de la MPAA Vince Stevenson, le projet de loi est superflu et vient nuire aux normes volontaires adoptées par les compagnies et les cinémas qui déterminent un volume sonore approprié. Une norme a en effet été mise sur pied à la demande des propriétaires des salles en réponse à des plaintes déposées par des spectateurs à propos de bandes-annonces trop fortes, et des gestes importants ont été faits pour réduire volontairement le niveau de bruit, mentionne l'association.

William Young refuse cependant d'accepter que ces normes volontaires soient efficaces; à ses yeux, celles-ci mesurent le volume moyen de l'ensemble d'une bande-annonce, qui peut donc avoir des séquences extrêmement bruyantes.

La MPAA joue de son côté la carte du Premier amendement de la constitution américaine - celui sur la liberté d'expression -, en arguant que réglementer la façon dont un film ou une bande-annonce sont présentés est discriminatoire, puisque cela ne s'appliquerait qu'aux salles de cinéma, et non pas à d'autres événements comme des concerts de musique rock ou des rencontres sportives.