On lit souvent que telle œuvre de fiction a été tournée comme un documentaire, afin de coller à une certaine réalité et de faire plus vrai que vrai. China Heavyweight, documentaire de Yung Chang, est tourné comme une fiction dramatique. Avec un résultat saisissant.
Jeune cinéaste qui nous avait donné Sur le Yangtze, Yung Chang nous entraîne ici dans la Chine centrale où se rencontrent deux mondes. D’un côté, une ruralité ancrée dans le passé où le travail manuel est encore la norme et où le but ultime dans la vie est d’avoir de quoi manger. De l’autre, des capitales provinciales, immenses fourmilières qui font miroiter une certaine forme de réussite.
C’est entre ces deux réalités que doivent choisir de jeunes Chinois de la campagne recrutés par des entraîneurs qui font le tour des écoles primaires (!) à la recherche de futurs boxeurs. Après un certain temps, leurs meilleurs grimpent les échelons et arrivent à un autre carrefour : continuer à faire de la boxe amateur pour l’honneur de la famille et de la nation ou se lancer dans la boxe professionnelle pour la gloire et l’argent.
Il faut voir cette scène – d’une troublante vérité – où un jeune boxeur avoue à sa mère qu’il ne voit plus d’avenir dans la campagne. Tout comme celle du combat de boxe final où un champion local se fait démolir sous les yeux des siens.
Même si la boxe est au cœur du film, on finit par comprendre que sa pratique est ici subordonnée à quelque chose d’autre. Au rêve, sans doute, mais aussi à l’ambition, à un besoin de changer d’air. La boxe n’est pas une fin, mais un moyen vers – disons les choses comme elles sont – une forme d’occidentalisation pour la génération montante.
Notre seule réserve concerne la fin pour le moins abrupte du film. On a l’impression de tomber dans un gouffre qui nous ramène à la case départ. Reste qu’avec China Heavyweight, le producteur EyeSteelFilm marque – encore une fois – un grand coup.
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China heavyweight
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Documentaire de Yung Chang.
1 h 39.