Dans l'usine Smart de Hambach, l'ouvrier est affairé mais l'ambiance détendue: loin de la grise mine sévissant dans nombre d'entreprises automobiles, la filiale de l'Allemand Mercedes dans l'Est de la France dispose d'un carnet de commande bien garni, et le climat social est au beau fixe.

L'introduction de la petite citadine début 2008 aux États-Unis a accouché de résultats inespérés. Depuis janvier, plus de 20 000 «fortwo» - la nouvelle petite Smart vendue depuis un an - y ont été vendues, dont environ 2250 en octobre, quand la marque a établi son record de ventes mensuelles. «On reçoit des courriers de clients américains nous disant qu'ils ont remplacé leur gros pick-up par deux Smart», sourit Marcus Nicolai, président de Smart France, interrogé par l'AFP.

Peu gourmande en essence, la mini berline s'intègre d'après M. Nicolai parfaitement au marché américain, rapidement devenu le troisième plus gros de la marque, dans un contexte de «changement» marqué par une prise de conscience écologique et l'augmentation du prix du pétrole.

L'impact sur la production est saisissant. Alors que 102 000 véhicules avaient été produits à Hambach en 2007, ce total était atteint dès septembre 2008, selon la direction. L'objectif de 127 000 voitures pour cette année a été rallongé de 11 000 unités, 28% du tout étant exporté aux États-Unis, de source syndicale.

«Le succès du marché américain fait partie de la nouvelle euphorie de la marque», se réjouit Marcus Nicolai. Les commandes affluent tellement que la production envisagée pour 2009 (135 500) a déjà été revue à la hausse de 3500 automobiles, selon une autre source syndicale.

Pour parvenir à ces résultats, un accord d'entreprise a été signé mercredi avec les cinq syndicats présents à Hambach, aux mots d'ordre éloquents : «qualité, conditions de travail, productivité», rapporte M. Nicolai.

Les chaînes de montage automatisées de Smart, où des ouvriers assemblent morceau par morceau la fortwo dans une ambiance étonnamment peu bruyante - de la musique est diffusée - seront accélérées, pour que plus de voitures soient produites en autant de temps.

Chaque «coéquipier» devra consacrer 1 minute et 25 secondes à chaque auto, contre 1'28 aujourd'hui, avec «une dizaine de secondes pour souffler», explique Abdelhamid Ghermi, délégué syndical CGT. En contrepartie, les 828 salariés de Smart ne travailleront pas de nuit ni le dimanche, parfois le samedi, et gagneront 3,6% de plus, soit 70 euros (105 $) supplémentaires au minimum, poursuit-il.

«C'est la troisième augmentation en deux ans. Dorénavant, chaque ouvrier de Smart gagne au moins 1500 euros (2200$) brut», souligne M. Ghermi. La direction s'est en outre engagée à embaucher 10 à 15 personnes les années suivantes, dit-il, quand 22 intérimaires ont déjà été intégrés en 2008.

Alors que «tous les voyants sont au vert», d'après Marcus Nicolai, Smart prévoit en outre de s'implanter en Chine et au Brésil dès 2009.

Le chômage technique, en vogue dans de nombreuses usines automobiles françaises, est plus éloigné que jamais d'Hambach. «On a beaucoup de chance», convient Abdelhamid Ghermi.