L'obligation de chausser les véhicules de promenade de pneus d'hiver à compter de l'automne prochain soulève des difficultés d'application imprévues qui pourraient rendre indispensables des amendements à la nouvelle loi sur la sécurité routière.

Des députés libéraux se sont d'ailleurs chargés de relayer à la ministre des Transports, Julie Boulet, certaines préoccupations. Plusieurs «irritants» touchant tant les snowbirds que les locateurs de véhicules ou les installateurs de pneus sont donc examinés par un comité impliquant le ministère des Transports du Québec (MTQ), la Sécurité publique, la Justice, la SAAQ et les corps policiers, a indiqué hier le porte-parole de la ministre Boulet, Daniel Desharnais.Le député libéral François Ouimet fera un exercice semblable avec des élus. «Il a été mandaté pour regarder la problématique avec les députés, faire le tour des plaintes qu'ils recevaient et revenir avec des solutions», explique M. Desharnais.

Du côté du Regroupement des locateurs de véhicules, on espère que le gouvernement trouvera des réponses à plusieurs «imprécisions» de la loi, qui imposera les pneus d'hiver sur tous les véhicules de promenade immatriculés au Québec du 15 novembre au 15 avril. «On ne peut pas être contre la vertu, dire que ce n'est pas une bonne idée, les pneus d'hiver, surtout après l'hiver qu'on vient de vivre, note son dg, Yvan Grenier. Sauf que dans le fond, ça a été imposé par l'opposition pour faire passer d'autre chose. Et on pense que ça aurait dû se faire de façon un peu plus structurée.»

Rappelons que l'obligation des pneus d'hiver était une des conditions posées par le PQ à son appui à plusieurs mesures du projet de loi sur la sécurité routière, adopté en décembre. L'ADQ a aussi donné son feu vert à cet ajout de dernière minute.

Parmi les préoccupations soulevées, celles des snowbirds, ces Québécois qui passent les mois d'hiver en Floride. Plusieurs font valoir que leurs pneus d'hiver seront inutiles rapidement une fois la frontière passée et qu'il est déconseillé de rouler avec ces pneumatiques par temps chaud.

L'industrie

Du côté de l'industrie, ce sont d'abord les délais qui sont remis en question. «Les places d'affaires pour les installer vont être débordées», dit Yvan Grenier. Pour respecter la tombée du 15 novembre, les garages pensent devoir entreprendre le cycle d'installation en septembre. «En septembre, à Montréal, on ne pense pas à ça, il fait chaud encore.» Au moins pour la première année, l'industrie réclame donc un délai de grâce, sans amende, comme le gouvernement le permet pour l'interdiction du cellulaire.

Les locateurs notent aussi que dans les régions limitrophes, comme à Gatineau, les Québécois qui ne veulent pas payer un surplus pour les pneus d'hiver vont pouvoir aller louer des voitures du côté ontarien et rouler au Québec avec des quatre-saisons.

Autre problématique à résoudre : il existe des véhicules, généralement des nouveaux modèles, pour lesquels on ne trouve pas de pneus d'hiver avant un certain temps.