Les radars automatiques, les taxes et les restrictions de toutes sortes se multiplient en Grande-Bretagne sans parvenir à entamer la passion des Britanniques pour les voitures, illustrée par le succès d'une émission culte que la BBC cherche désormais à exporter.

Mardi, le maire de Londres Ken Livingstone annonçait que la taxe pour circuler en centre-ville passerait de 8 à 25 livres (33,5 euros) par jour pour les véhicules les plus polluants : gros 4x4, voitures de sport, puissantes berlines, dont raffolent les riches Britanniques, et dont rêvent la plupart des autres.

Au centre de Londres comme dans le reste du pays, l'homo automobilus britannique est une espèce traquée : plus de 6.000 radars automatiques surveillent sa progression tandis que le carburant est l'un des plus chers d'Europe (1,48 euro le litre de gasoil). Avec les travaux omniprésents, les parkings limités et hors de prix ou les routes embouteillées, conduire en Grande-Bretagne peut s'avérer aussi plaisant qu'une extraction de dent.

Pour Matt Robinson, rédacteur en chef du magazine spécialisé Performance Tuner, le conducteur britannique est avant tout une vache à lait. «Tout est fait pour lui soutirer le plus d'argent possible», dénonce-t-il à l'AFP.

«Nous avons des radars automatiques, dont chacun sait qu'ils sont de simples pompes à fric, nous payons un surcoût pour nos voitures parce qu'elles ont le volant à droite, et nous payons des taxes routières énormes», poursuit le journaliste. «La Grande-Bretagne est un petit pays peuplé de 60 millions de personnes, donc nos routes sont très chargées, et à l'arrivée, il y a moins de liberté pour l'automobiliste britannique».

Malgré tout, «nous sommes vraiment une nation d'amateurs de bagnoles», note Emma Parker-Bowles, spécialiste «auto» du quotidien populaire The Sun, et accessoirement nièce de la femme du prince Charles, Camilla Parker-Bowles.

«Il n'y a pas vraiment d'alternative, nos transports publics ne sont pas très engageants», estime-t-elle.

Dans cet univers ultra-surveillé, la passion pour l'automobile ne saurait se résumer aux seules performances. «La plupart du temps, l'important n'est pas vraiment une question de vitesse de pointe. L'idée est d'accélérer le plus vite possible de 0 à 100 km/h», selon Mlle Parker-Bowles.

Grande spécialiste des crissements de pneus, départs-arrêtés musclés ou expériences délirantes en tout genre, Top Gear, émission de la BBC consacrée à l'automobile --chère et rapide de préférence-- fait un tabac en Grande-Bretagne. C'est le troisième programme le plus regardé de la chaîne.

Grâce au satellite et à Internet, quelque 150 millions d'inconditionnels suivent régulièrement dans le monde cette émission animée par le présentateur vedette Jeremy Clarkson, ennemi juré des «talibans de la route» qu'il brocarde à longueur de programmes.

Des projets sont en cours pour mettre en place des versions «locales» de Top Gear en Australie ou aux États-Unis, où l'émission fait l'objet d'un mini-culte.

La légendaire patience des Britanniques risque d'être une nouvelle fois mise à l'épreuve dans les prochains mois, avec une nouvelle augmentation annoncée du prix du carburant de deux pence (environ 3 centimes d'euros) par litre.

«Je crois qu'à un moment donné les automobilistes britanniques vont dire : ça suffit ! Je sens la pression monter», explique M. Robinson. «Le gouvernement devrait en tenir compte parce que les automobilistes forment une très grande partie de l'électorat».

«L'esprit britannique indomptable refait surface et les gens se rebellent contre tous les contrôles», poursuit le rédacteur en chef. «C'est pour ça que l'amour de la voiture est toujours aussi populaire».