Nano, du grec nanos, signifiant nain. Brillant concept automobile que vient de dévoiler le géant indien Tata Motors, celui-là même qui se propose de racheter à un Ford appauvri ses deux marques anglaises de prestige, Jaguar et Land Rover.

Avec des revenus de près de 6 milliards, Tata est le premier constructeur de véhicules commerciaux en Inde et le deuxième pour les voitures particulières.

 

Brillant concept, car il promet une voiture cinq portes à quatre places pour 2500$. Brillant concept, car il annonce une consommation de 5 litres aux 100 kilomètres et un niveau de pollution moindre que celui d'une moto. Brillant concept, car il pose la question fondamentale: qu'avez-vous besoin pour aller du point À au point B si vous êtes une petite famille indienne aux revenus modestes et qui se déplace généralement en vélo, en scooter ou en moto?

Exactement la même question que se sont posée les Européens après la Deuxième Guerre mondiale. L'Italie a répondu avec la Fiat 500, la France avec la Citroën 2CV, l'Allemagne avec la Volkswagen et la Grande-Bretagne avec la Mini. Toutes brillantes. Toutes marquantes. Toutes inoubliables. Ajoutons à ce célèbre quatuor la récente Smart ForTwo et vous comprendrez d'où Tata tire son inspiration.

Mais l'inspiration ne suffit pas toujours; Tata a fait le tour du jardin automobile et s'est assuré la collaboration de nombreux fournisseurs, notamment l'entreprise française MDI (située près de Nice) «qui étudie des nouvelles technologies et de nouveaux concepts de production pour un développement durable et pour lutter contre la pollution». Parmi les projets de MDI, un moteur à air comprimé (vendu sous licence à Tata) et quelques concepts de microvoitures baptisés OneCATS, MiniCATS et CityCATS qui rappellent la nouvelle Nano.

Et puisque ce moteur à air comprimé est encore au stade expérimental, la Nano sera propulsée par un petit bicylindre en aluminium de 623 cm³ alimenté par injection électronique et produisant 33 chevaux. Compte tenu du poids plume de la Nano et du soin apporté à l'aérodynamique, ce moteur d'origine Bosch - et qui ne coûte que 700$ - autorise une vitesse de pointe de plus de 100 km/h et brûle (proprement) moins de 5 litres aux 100 kilomètres.

Certes, il ne s'agit pas de vendre la Nano aux Européens -et encore moins aux Nord-Américains. Une voiture sans climatisation, sans vitres électriques, sans radio, sans direction assistée et munie d'un seul essuie-glace! Et sans porte-gobelets géants! L'horreur, quoi!

Non, les millions d'Indiens suffiront pour le moment, merci beaucoup. Et à ces millions, viendront peut-être s'ajouter quelques millions de Chinois, de Sud-Américains et d'Africains qui se déplacent aujourd'hui à vélo ou même pedibus.

Dans deux ans, nous voterons pour la voiture de la première décennie du 21e siècle. Moi, je vote déjà Nano.