> Le comportement délicat sous la pluie

On aime moins

> Le comportement délicat sous la pluie

> Le manque de raffinement

> La position de conduite acrobatique

Ce qu'il faut retenir

> Fourchette de prix : 98 600$ à 99 600$

> Frais de transport et de préparation : 1400 $

> Garantie de base : 36 mois/60 000 km

> Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : non mesurée

> Concurrentes : absentes

> Moteur : V10 ACC 8,4 litres

> Puissance : 600 ch à 6100 tr/mn

> Couple : 560 lb-pi à 5000 tr/mn

> Poids : 1560 kg

> Rapport poids/puissance : 2,6 kg/ch

> Accélération 0-100 km/h : 3,88 secondes

> Mode : propulsion

> Transmission de série : manuelle six rapports

> Transmission optionnelle : aucune

> Direction/diamètre de braquage (mètres) : crémaillère/12,3 mètres

> Freins (av/arr) : disque/disque

> Pneus (av-arr) : 235/35ZR18 - 345/30ZR19

> Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé : 70 litres/super

Une grosse caricature

C'est un fait, les puristes ne l'aiment pas, ne l'aimeront jamais. Pour eux, la Viper est une grosse caricature. Il est vrai que son gros V10 culbuté relève davantage de la grosse chaudronnerie que de la technologie automobile de pointe. Même s'il n'y a toujours pas le moindre arbre à cames dans sa grosse tête, ce moteur a fait l'objet d'une véritable refonte. Contrairement à la précédente version, la SRT-10 se flatte d'un V10 porté à... 8,4 litres. La cylindrée augmentée, de nombreuses retouches internes et un système d'admission et d'échappement beaucoup plus soigné ont permis ce gain considérable. Le borborygme qui se déverse à gros bouillons par les échappements au ralenti en témoigne. Il se mue en aboiements sauvages dès les premiers coups d'accélérateur, puis en clameur hallucinante qui vous donne l'impression qu'un avion de chasse va vous dépasser à deux mètres. Normal, ce sumo de la bielle déverse désormais 600 chevaux et 560 lb/pi de couple aux roues arrière.

Le châssis n'est pas en reste. Les éléments suspenseurs (barres stabilisatrices, amortisseurs, ressorts, etc.) ont également été revus, tout comme la géométrie, le différentiel à glissement limité et, bien entendu, les freins.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, rappelons qu'une excellente forme physique est indispensable pour dompter une Viper, tant les efforts demandés sont importants. Ici, on ne passe pas une vitesse du bout des doigts, on ne freine pas du bout des orteils. On saisit le levier en gonflant le biceps. Alors que toutes ses rivales se parent d'aides à la conduite électroniques, la SRT-10 joue les dures. Et laisse le pilote face à ses responsabilités et à la férocité des 600 chevaux. Alors, on se jette sur les freins de toute la force de son pied droit, puis on tire sur le volant, à droite, à gauche, et on tâche de soigner sa trajectoire. Pourvu que cela passe... Et partout ce bruit, le vent et le V10 qui hurle.

Jusqu'en quatrième, le paysage défile de façon irréelle, obligeant à recaler les témoins d'alerte, ceux qui vous hérissent le poil et donnent les mains moites. Dès qu'elle décolle, la Viper laisse le gratin de la production s'époumoner dans son rétroviseur. Même qu'au passage du cinquième rapport, elle donne l'impression de creuser la chaussée comme le ferait une Mustang en première. D'autres chiffres? Ils vous donneront le vertige: plus de 300 km/h en vitesse de pointe et plus de 1,1 G d'accélération latérale et moins de quatre secondes pour atteindre les 100 km/h après un départ arrêté.

Une voiture qui incite à l'humilité

Mais les chiffres, si impressionnants soient-ils, ne peuvent rendre compte du plaisir que l'on éprouve au volant de la Viper. Démunie d'antipatinage et de contrôle dynamique de trajectoire, la Viper incite à l'humilité au moment d'attaquer la première courbe. Puis la deuxième, puis la suivante, qui augmentent le sentiment de confiance avec un châssis rigide, manifestement bien réglé et doté d'un pont autobloquant pour la motricité. Le couple formidable de sa mécanique qui vous catapulte hors des virages serrés à la vitesse de l'éclair, la rapidité de sa direction (2,4 tours de volant entre les butées) vous permet de corriger aussitôt le moindre travers. On s'amuse ferme, on se fait peur un peu aussi. Son équilibre étonne, son adhérence impressionne mais, pour aller chercher la limite, il ne faut pas avoir froid aux yeux.

Plus racée, plus rapide, cette Viper, la quatrième du nom, ne se révèle pas plus civilisée, pas moins bestiale que la génération précédente. À ne pas mettre entre des mains inexpérimentées. C'est ce que la clientèle souhaitait. Et elle n'a jamais été aussi accessible financièrement. C'est trop, dites-vous? Alors rappelez-moi, déjà, combien coûte une Lamborghini!

* * *

On aime

> Le grand coeur du V10

> Le rapport prix/performances

> Le son de ses échappements

Autant le dire tout de suite, la voiture n'est pas faite pour une utilisation quotidienne. Embrayage dur, moteur qui ne se tait jamais, capote symbolique, autoradio inécoutable, accélérations canon qui vous font craindre autant la sortie de route que les radars, le rêve tourne rapidement au cauchemar, sauf si vous franchissez les portes d'un circuit. Alors là, le nirvana est assuré. Mais vous n'aurez qu'un système ABS pour ange gardien!

La descente à bord d'une Viper est aussi acrobatique qu'un double salto arrière. Heureusement, elle a conservé le réglage en hauteur de la colonne de direction qui permet ainsi de laisser passer les jambes. La position de conduite n'est pas mauvaise: elle est atroce en raison d'un pédalier fortement décalé vers la gauche et un baquet aux réglages limités. Astuce appréciable, le pédalier est réglable en profondeur par une molette. Il y a aussi la mauvaise visibilité de trois quarts arrière, l'absence de vrais pare-chocs, un tunnel central envahissant et qui dégage beaucoup de chaleur. Il n'y a aucun espace de rangement, pas le moindre porte-gobelets, ni régulateur de vitesse. Les amateurs n'en veulent pas.

Une pression sur le gros bouton noir du démarreur suffit à déclencher le fracas tonitruant des échappements latéraux. Le premier rapport glisse sans effort dans son logement. La Viper s'ébroue en hoquetant à peine et accroche tout de suite les régimes où le V10 s'éclaircit la voix. Les puristes se bouchent les oreilles.