Dans le numéro d'avril 2007, j'ai cueilli cette histoire charmante racontée par Richard Boudrias, un amateur averti, bien connu du milieu des citroënistes montréalais. La voici.

Dans le numéro d'avril 2007, j'ai cueilli cette histoire charmante racontée par Richard Boudrias, un amateur averti, bien connu du milieu des citroënistes montréalais. La voici.

Le virus

«Il est amusant de constater comment le virus de la voiture ancienne se propage rapidement dans un milieu favorable à son développement. L'histoire qui suit relate l'évolution de cette contamination autant au plan chronologique que pathologique.

«Le tout commence naïvement lorsque notre président, Daniel Noiseux, revenant du Salon de Citromobile, à Utrecht, en Hollande, me montre une kyrielle de photos de voitures disparates dont celle d'une Burton. Ce roadster fabriqué à Amsterdam est habillé d'une carrosserie en polyester dont le design évoque celle d'une Morgan, d'une Bugatti ou même d'une Delage, le tout reposant sur une base de Citroën 2CV. Pas vilain tout ça, me dis-je.

«Quelques mois auparavant, mon beau-frère, Michel, qui habite l'île d'Orléans, a déjà manifesté un certain désir vague d'acheter une 2CV, notamment lors du Méchoui annuel du VEA. Mais les choses en restent là jusqu'au jour où je lui parle de la Burton, site Internet à l'appui. C'est alors qu'il songe à sa conjointe, ma belle-soeur Pauline, amateure de ce genre de voiture. Il y a une trentaine d'années, Pauline avait rêvé de s'offrir une Morgan ou un kit de Lotus 7, mais la famille, les cours du soir, le boulot et autres obligations de la vie avaient coupé court à ce rêve jugé un peu fou.

«Après quelques fouilles cybernétiques sur Burtoncar.com, Michel montre des photos de ladite voiture à Pauline. À la vue de la Burton, les «vieux démons» se sont sans doute réveillés et Pauline est immédiatement conquise par les lignes rétro de la Burton.

La chasse à la Burton

«S'enclenche dès lors une aventure des plus tendres et merveilleuses Michel, par mon entremise, décide de commander une Burton bleue qu'il offrira à Pauline pour Noël. On prend contact avec Erik de Widt, représentant de la marque pour l'Amérique du Nord, qui servira d'intermédiaire entre Michel et la société Burton en Hollande. Après une quarantaine de courriels et autant d'appels téléphoniques échelonnés sur une période de six mois, une traversée de l'Atlantique par bateau et un transfert par train depuis Halifax, le bolide arrive enfin à Montréal. Précisons que toute la démarche se fait à l'insu de la personne concernée. Garder cette transaction et la logistique secrètes relevait d'un film d'espionnage, mais nous avons réussi car Pauline ne s'est jamais doutée de rien.

«Le 26 décembre 2006, Michel présente à Pauline un modèle réduit au 1/43e d'un cabriolet bleu rétro et lui dit à la blague qu'il lui offre «la petite voiture sport» qu'elle a toujours souhaitée. Pauline trouve le symbole charmant, même touchant. Michel lui demande ensuite de toucher la petite voiture trois fois de sa baguette de chef d'orchestre (un souvenir d'adolescence) en guise de baguette magique, et de le suivre à l'extérieur. C'est là que les attend LA Burton grandeur nature, ornée d'une énorme boucle rouge. Le coeur de Pauline s'arrête un instant.

«À la vue de la voiture, posée comme un joyau dans la neige fraîchement tombée, elle croit à une hallucination! La surprise est au paroxysme et cette joie est instantanément communiquée à l'entourage: «Les enfants, venez vite voir, c'est absolument incroyable.» Et puis, à Michel: «Mon bel amour, qu'est-ce que tu as fait là!» Avec empressement, on s'amuse à faire quelques longueurs avec cette belle venue de loin, question d'entendre le son du moteur. Moult photos sont faites dans la joie. Vivement le printemps! C'est ça la contamination virale de la voiture ancienne!»

Bravo Michel, félicitations Pauline et merci Richard.

Courriel Pour joindre notre chroniqueur: alain.raymond@lapresse.ca