Il sera difficile de détrôner bientôt les asiatiques, solidement installés sur le marché des intermédiaires et des compactes. Pis encore, à l'exception de GM (grâce à sa filiale coréenne, il faut l'admettre), aucun constructeur américain n'inscrira, avant deux ou trois ans, un véhicule sous-compact (style Honda Fit, Toyota Yaris), segment en devenir aux États-Unis. Seule bouée de sauvetage à l'horizon : les multisegments. Ces derniers pourraient très bien prendre le relais de l'utilitaire traditionnel dans le coeur de nombreux Américains.

L'ennui, c'est que la concurrence n'entend pas relâcher la pression.

D'ordinaire, le Salon de Detroit parvenait à masquer le pessimisme qui flottait à l'intérieur de ses murs. Pas cette année. Le coeur n'y est pas. Les chiffres communiqués hier matin sur les trois constructeurs américains sont sans appel : leur part de marché a encore diminué pour ne plus représenter que 53,6 % du total, le plus bas taux jamais atteint. Pis, cela devrait encore s'aggraver cette année, estiment certains analystes.

La journée avait pourtant bien débuté pour le Big Three. Pour General Motors surtout, dont le siège social se trouve à quelque 10 minutes de marche de l'événement. Le numéro 1 mondial a remporté les titres de « Voiture de l'année» (Saturn Aura) et «Camion de l'année» (Chevrolet Silverado) décernés par un panel indépendant de journalistes canadiens et américains. Des récompenses qui ne permettront cependant pas à GM de conserver son titre de constructeur no 1 encore bien longtemps. Toyota, à qui tout semble réussir ses ventes annuelles ont bondi encore de 12,5 % en 2006 compte bien s'en emparer avant la fin de la présente année. Ce jour-là sera à marquer d'une pierre noire pour l'industrie automobile américaine. Même si Rick Wagoner, le PDG de GM, entend se battre pour garder cette couronne, il reconnaît aujourd'hui que la concurrence est féroce. «Si nous devons un jour être doublés, nous nous battrons pour reprendre notre place.» Dire que, à pareille date l'an dernier, GM luttait pour sa survie et que les spéculations allaient bon train quant au moment où elle déposerait son bilan!

On se demande maintenant comment l'industrie américaine parviendra à renverser la vapeur. L'envolée des prix de l'essence a plombé les ventes de camionnettes (-11 %), de fourgonnettes (-10 %) et d'utilitaires (-12 %), deux segments où les constructeurs américains dégageaient jusqu'ici de juteuses marges bénéficiaires.