«Le problème de l'infrastructure est fondamental dans la civilisation de l'hydrogène, explique Tareq Abu-Hamed, de l'Université du Minnesota, en entrevue téléphonique. Il faut une solution qui ne fasse pas appel à la conversion de toutes les stations d'essence ou, pire, à la construction d'un réseau de stations d'hydrogène parallèle. C'est pourquoi il faut absolument utiliser l'eau comme source d'hydrogène.»

«Le problème de l'infrastructure est fondamental dans la civilisation de l'hydrogène, explique Tareq Abu-Hamed, de l'Université du Minnesota, en entrevue téléphonique. Il faut une solution qui ne fasse pas appel à la conversion de toutes les stations d'essence ou, pire, à la construction d'un réseau de stations d'hydrogène parallèle. C'est pourquoi il faut absolument utiliser l'eau comme source d'hydrogène.»

La technologie sur laquelle travaille M. Abu-Hamed utilise le bore, un élément chimique qu'on retrouve dans le borax, utilisé en chimie et en soudure. À l'état solide, le bore réagit avec l'eau et libère de l'hydrogène. La réaction ne comporte aucun danger d'explosion. Elle nécessite de l'eau chaude, ce qui serait obtenu grâce à l'énergie de la pile à combustible. L'eau chaude nécessaire au démarrage serait obtenue grâce à une pile électrique ou au stockage d'une petite quantité d'hydrogène.

Selon M. Abu-Hamed, une fois optimisée, cette réaction exige le remplacement d'un réservoir de 40 litres d'essence par un réservoir de 45 litres d'eau et un autre de 18 kilogrammes de bore. On pourrait acheter le bore dans les magasins et même le stocker à la maison ou dans la voiture, un peu comme on transporte un contenant d'huile à moteur au cas où il en manque durant un trajet.

Pour le moment, la réaction n'est pas au point. Le taux de conversion de l'eau en hydrogène n'est que de 65 %, alors qu'il faudrait atteindre près de 100 %. Par contre, les progrès ont été rapides : au début des expériences de M. Abu-Hamed, en 2005, le taux de conversion n'était que de 30 %. L'ingénieur américain ne fait ces recherches qu'à temps partiel, et estime n'y avoir consacré que 100 000 $US. Il pense que le coût des recherches encore nécessaires avant de construire un prototype ne dépasse pas quelques centaines de milliers de dollars.

L'institut de recherches Weizmann, en Israël, participe également aux travaux. M. Abu-Hamed, qui est né à Jérusalem-Est, y travaillait avant de passer à l'Université du Minnesota. L'institut Weizmann est responsable de la mise au point d'une méthode de production de masse du bore, qui est rarement utilisé actuellement. «Le coût de production serait prohibitif pour le moment, dit M. Abu-Hamed. Mais nous avons confiance qu'avec la production de masse, le coût d'un plein sera à peine plus cher qu'un plein d'essence.»

La réaction entre le bore et l'eau produira de l'oxyde de bore, un autre solide. M. Abu-Hamed a imaginé une manière de recycler l'oxyde de bore en usine pour fabriquer à nouveau du bore. Une telle usine pourrait faire appel à l'énergie solaire, ce qui rendrait la technologie vraiment propre.