La France a définitivement tourné la page de Voxan, feu l'unique fabricant français de motos de grosses cylindrées, avec une quarantaine d'exemplaires vendus aux enchères dont la pièce-maîtresse, le prototype du designer français Philippe Starck.

C'est dans le petit hôtel des ventes de Clermont-Ferrand qu'a résonné le dernier coup de marteau de Me Bernard Vassy, commissaire-priseur, devant quelque 250 personnes venues seules ou en groupes, dont de nombreux motards.

«L'ambiance était bon enfant mais il y avait de la nostalgie et du respect. C'est comme si les gens venaient assister au dernier concert de leur idole», a déclaré à l'AFP Me Vassy, assurant avoir été «ému» par ces enchères qui avaient débuté mercredi.

Un sentiment visiblement partagé par le public quand la dernière des motos sorties de la chaîne de montage Voxan, située à Issoire (Puy de Dôme), près de Clermont, a été mise à prix à 5000 euros, à l'instar de chaque lot.

«Les gens présents ont vécu de près ou de loin l'histoire de Voxan. Tout le monde a droit à une part du rêve», a souligné le commissaire-priseur.

Sur une quarantaine de pièces, 18 VX10 neuves, dernières nées des chaînes, une moto de compétition sacrée championne du monde en rallye IRC, un lot de 9 motos du musée Voxan et un concept-bike (prototype) dessiné par Philippe Starck ont été présentés. Ce dernier engin a été vendu 15 000 euros à un Lyonnais.

«J'ai suivi l'aventure Voxan. Ces motos sont nées à Issoire et il était normal qu'elles y restent», a déclaré à l'AFP Auguste Tchine, propriétaire du circuit auto-moto d'Issoire et nouvel acquéreur des motos précédemment exposées au musée.

Au total, 265 000 euros ont été récoltés jeudi. Cette somme s'ajoute aux 300 000 euros obtenus la veille lors du premier jour des enchères, qui avaient été organisées dans l'enceinte même de l'usine de Voxan pour la vente de la chaîne d'assemblage et de pièces détachées.

La marque Voxan et ses moules seront vendus ultérieurement, selon Me Vassy.

Voxan, qui ne comptait plus qu'une douzaine de salariés peu avant sa mise en liquidation judiciaire en décembre 2009 -contre 120 en 2001- avait été créée en 1995. La cotation de son titre au Marché libre d'Euronext Paris avait été suspendue en septembre.

L'entreprise auvergnate, dont le passif dépassait cinq millions d'euros, n'avait réalisé en 2008 qu'un chiffre d'affaires de 450 000 euros, avec moins de trente motos de 1000 centimètres cubes vendues.

Fin 2009, la Société de développement de moteurs (Sodemo) et la société FIL (Fortune Immobilière du Luxembourg) s'étaient proposés de reprendre Voxan pour un montant de 250 000 et 800 000 euros.

Mais mi-février ces deux offres ont été déclarées irrecevables, le tribunal de commerce estimant que les garanties bancaires étaient insuffisantes et autorisant la mise aux enchères.

«C'est un véritable gâchis qui aurait pu être évité», a déclaré à l'AFP Gilles-Jean Portejoie, l'avocat de la Sodemo.