Le secteur automobile, réuni au 64e Salon de Francfort, se veut confiant face à la crise financière et la morosité économique ambiante, s'estimant mieux armé pour les affronter qu'il y a trois ans, à la chute de Lehman Brothers.

«Pour le moment, notre secteur n'est pas affecté par les inquiétudes des marchés financiers. Nous avons une très forte demande, dans le monde entier, de la part des clients privés comme professionnels», a affirmé mardi le patron de l'allemand Daimler Dieter Zetsche, lors de l'ouverture à la presse de l'IAA, le plus important salon mondial de cette branche.

Son compatriote, le patron de Volkswagen Martin Winterkorn partage cet avis. «Nous considérons que les marchés automobiles mondiaux vont continuer d'évoluer de façon positive.»

L'équipementier allemand Bosch, un géant de la branche, table sur une croissance de 5% de la production automobile mondiale.

Toutefois, derrière cet optimisme de rigueur, pointe une certaine inquiétude face à une crise de la dette en zone euro qui s'enlise et à une économie mondiale qui montre des signes de faiblesse, notamment en Europe et aux États-Unis. Et le sentiment que les constructeurs se préparent à un retournement de situation.

Les deux années de forte croissance que l'industrie vient de connaître, aidée par des mesures gouvernementales qui ont encouragé les achats de nouvelles voitures, risqueraient d'être effacées même si personne ne table sur une nouvelle récession.

Si les remous persistent trop longtemps, «cela pourra évidemment affecter l'économie réelle», a commenté le patron de Daimler. Et le secteur automobile, davantage tributaire que d'autres de la conjoncture, serait en première ligne.

«Nous nous attendons à une croissance réduite à l'avenir», avait de son côté déclaré la semaine dernière le directeur financier de BMW Friedrich Eichiner, qui exclue toutefois une récession.

Le français Renault, s'il reste confiant pour 2011, se garde ainsi de tout pronostic pour l'année prochaine. «C'est toujours difficile de faire des pronostics», selon son numéro deux Carlos Tavares.

Son concurrent national PSA Peugeot Citroën voit le tableau plus noir, se préparant à «des temps plus difficiles», selon le président de son directoire Philippe Varin.

«On a un contexte de faible croissance devant nous, voire de récession, nous ne savons pas», a-t-il averti mardi devant la presse, n'excluant pas de recourir à du chômage partiel en France et réduisant déjà ses coûts pour s'y préparer.

Les patrons allemands se disent aussi prêts à une éventuelle nouvelle crise, et à recourir au chômage partiel ou à l'aménagement des horaires de travail, comme lors de la dernière.

Mais ils aimeraient que les responsables politiques s'attèlent de leur côté fermement à la tâche pour leur éviter ce scénario.

M. Zetsche a ainsi dénoncé la «lenteur» des politiques à prendre les mesures nécessaires, qui sont par ailleurs selon lui «trop faibles».

Le patron de Ford Europe Stephen Odell les a lui enjoint d'«appliquer rapidement et à haute dose» le traitement nécessaire, «même s'il est douloureux» afin de retrouver une certaine stabilité.

Cependant, malgré les nuages qui s'amoncellent à l'horizon, les constructeurs européens, américains comme asiatiques vont profiter de l'IAA pour faire la démonstration de leur puissance et leur innovation.

Le salon promet 89 premières mondiales du côté des constructeurs, dont 45 allemandes.

Les moteurs électriques et hybrides ainsi que les petites voitures devraient tenir le haut de l'affiche du salon, ouvert jusqu'au 25 septembre et qui se tient tous les deux ans à Francfort, en alternance avec Paris.