La voiture électrique fait de nouveaux adeptes. Cette fois-ci sur les bancs de l'école. Une soixantaine d'élèves de l'école secondaire de Pointe-Aux-Trembles, dans l'est de Montréal, ont participé à la transformation d'un bon vieux Ford Ranger à essence en véhicule électrique. Pour eux, cette motorisation n'est pas un mythe, c'est l'avenir!

Mathieu Lespérance en aurait long à dire sur sa dernière année scolaire. Allumé, cet élève de 17 ans a été électrisé par la voiture électrique. Autrement dit: convaincu. Comme tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ce projet de remplacer le moteur à essence d'un Ford Ranger 1994 par un moteur électrique. «Le but était de prouver aux constructeurs automobiles que des élèves de secondaire sont capables de transformer un véhicule à essence en véhicule électrique. Et s'ils le font, pourquoi pas eux, les constructeurs?», explique Mathieu.

Inspirés par leur professeur de sciences Philippe Sabourin - à l'origine du projet -, accompagnés par le technicien de laboratoire Jacques Cyr et assistés de Loïc Daigneault, président de Voitures électriques du Québec, entreprise spécialisée dans la conversion, les élèves de 5e secondaire de l'établissement de Pointe-Aux-Trembles ont prouvé qu'il était «relativement facile» de concevoir une voiture électrique.

Pédagogique, «ce projet de gars» a nécessité de mettre la main sur un pick-up de petite taille. Car il est plus facile d'y installer des batteries (dans la caisse) et parce que les portes de l'école ne permettaient pas de faire rentrer un véhicule plus imposant dans l'atelier de mécanique aménagé pour l'occasion! Il a d'ailleurs fallu démonter le caisson arrière pour le rentrer.

Une fois acquis, le véhicule a été défait de tous ses attributs thermiques et liquides à l'école spécialisée Daniel Johnson. Arrivé à l'école secondaire de la Pointe-Aux-Trembles le 11 février dernier pour une transformation «extrême», il a fait ses premiers tours de roue à la mi-mai. Avec succès. Après 500 heures de travail cumulées.

Ses caractéristiques? Douze blocs de batterie (au plomb, à recharge profonde) de 12 volts chacun, un moteur électrique de chariot élévateur (!), un convertisseur, et un système de servo-frein électrique. Pour ne citer que cela.

Ses performances? Une autonomie de 15 km, une vitesse maximale estimée à 100 km/h, une puissance de 80 chevaux au démarrage et de 28 chevaux en continu à 2000-2500 tours/minute, et une recharge complète en 8 heures sur du 110 volts.

 

Vendu à l'électricité

«Le moteur électrique est 40 fois plus puissant que le moteur à gaz», dit Mathieu qui reconnaît que la batterie et la concentration de la puissance restent des freins fondamentaux au développement de ce genre de motorisation.

Comme beaucoup de ses camarades de classe, Mathieu est dorénavant «vendu à l'électricité». «J'en ai long à dire sur les mérites de l'automobile électrique, témoigne-t-il. Par rapport à l'auto à essence, c'est plus simple, plus fiable, plus puissant, moins cher à l'entretien et cela ne consomme pas d'énergie à l'arrêt.»

«Ce n'est pas un mythe l'automobile électrique, ce n'est pas vrai que cela n'avance pas», appuie son professeur Philippe Sabourin.

Et quand on demande aux acteurs de cette expérience s'ils ont constaté que l'industrie automobile pourrait aller plus vite dans ce domaine, ils ne répondent pas. Ils rient.

«Quelqu'un met les freins quelque part. L'industrie ne veut pas que cela marche», lâche l'un d'entre eux.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

C'est un moteur électrique de chariot élévateur qui a été utilisé pour l'expérience!