Après avoir fait sa marque aux Oscars avec Arrival, de Denis Villeneuve, l'industrie québécoise du cinéma et de la télévision est à nouveau sous les projecteurs de Hollywood, cette fois pour la série Big Little Lies.

Le réalisateur Jean-Marc Vallée a piloté la série de HBO nommée 16 fois au prochain gala des Emmy Awards. Il est lui-même nommé une fois, tout comme le directeur photo Yves Bélanger et plusieurs autres membres de l'équipe.

La cérémonie des Emmy se tiendra le 17 septembre, mais plusieurs des nommés montréalais pourraient obtenir un prix ce week-end dans le cadre des Creative Arts Emmy Awards, qui se tiendront pendant deux jours à Los Angeles.

Louis Gignac, qui partage une nomination dans la catégorie du mixage sonore pour son travail sur Big Little Lies, estime que cette reconnaissance «fait briller Montréal, et peut-être même le Canada, parce que ces gens des États-Unis ou de la France songent maintenant à venir travailler à Montréal parce que c'est moins coûteux».

Celui qui avait aussi travaillé avec Jean-Marc Vallée sur The Young Victoria, Dallas Buyers Club et Café de Flore raconte que le réalisateur s'est battu pour que la postproduction de la série soit faite à Montréal, une rareté sinon une première pour la chaîne.

Jean-Marc Vallée et son équipe québécoise travaillent maintenant sur une autre série pour HBO, Sharp Objects.

«Je ne sais pas comment Jean-Marc arrive à garder le rythme», a admis le Montréalais Gavin Fernandes, qui partage la nomination pour le mixage sonore avec Louis Gignac et Brendan Beebe.

«Ils travaillent pendant 120 jours consécutifs, des journées brutales, qui vont de 7 h à 22 h. Ce sont de vrais battants.»

Big Little Lies porte la signature de Jean-Marc Vallée, avec une trame sonore sentimentale et de puissants visuels. Elle raconte l'histoire d'un mystérieux meurtre survenu dans une petite communauté de la Californie. La distribution inclut Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Laura Dern et Zoe Kravitz.

Une série abordée comme un film

Jean-Marc Vallée ne devait, au départ, réaliser que quelques-uns des épisodes, mais «après une semaine ou deux, (HBO) a réalisé que sa façon de tourner était si particulière qu'il devait faire tout le projet», raconte Yves Bélanger, qui connaît le cinéaste depuis 1991.

Le réalisateur québécois a abordé la série en sept épisodes comme s'il s'agissait d'un film.

«C'est tout à l'honneur de HBO d'avoir complètement changé sa méthode de travail pour Big Little Lies», raconte Gavin Fernandes. (Jean-Marc Vallée) a dit: «Je ne terminerai pas l'épisode 1 tant que je n'aurai pas vu la fin de l'épisode 7», puis il a commencé à bouger des éléments d'un épisode à l'autre. Ils ne font jamais ça. Normalement, on termine un épisode, puis on passe au suivant.»

Yves Bélanger a utilisé une caméra à l'épaule pour la majorité des images. Le son omniprésent de la plage a été enregistré sur place et devient un autre personnage de la série.

Jean-Marc Vallée a préféré faire son montage chez lui, à Montréal, et aime travailler avec des techniciens francophones pour pouvoir s'exprimer dans sa langue maternelle, explique Gavin Fernandes.

Sa loyauté envers son équipe montréalaise va cependant plus loin qu'une simple question de logistique et de familiarité.

Louis Gignac raconte que lorsque le cinéaste a obtenu une prime en argent après le succès de Dallas Buyers Club, il a couvert son équipe de cadeaux et de chèques, en plus de la recevoir avec un grand festin chez lui.

Jean-Marc Vallée aime d'ailleurs cuisiner pour son équipe, et l'a déjà invitée à souper chez lui en compagnie d'un champion d'écaillage d'huîtres.

«(La relation) est certainement passée du côté de l'amitié», affirme Gavin Fernandes.

«Il s'occupe vraiment de nous, et il n'a pas à le faire. Je n'ai jamais vu quelqu'un comme ça.»