Il y a un an et demi, Flash n'a pas renouvelé le contrat de Rebecca Makonnen. Mais la chroniqueuse culturelle n'a pas tardé à se faire une place à Radio-Canada dans une, deux, trois, quatre puis cinq émissions! Cet automne, c'est comme animatrice qu'on a fait appel à elle.

Rebecca Makonnen a retrouvé ses vieilles pantoufles: un studio, des musiciens qui jouent devant elle et devant un public. À la barre de Studio 12, l'animatrice a une tâche qui s'apparente à celle qu'elle avait à la station MusiquePlus.

 

L'émission qu'animait France Beaudoin à la radio, la saison dernière, ne pouvait mieux convenir à Rebecca Makonnen. «C'est un défi de porter à l'écran une émission de radio, mais la musique est ce que j'aime le plus au monde. Ce n'est pas déstabilisant pour moi. Ce n'est pas comme si on me demandait d'animer une soirée électorale!»

Chaque semaine, elle accueille un chanteur accompagné de ses musiciens et ses artistes coups de coeur. Le plateau appartenait à Ariane Moffatt, lors de la première du 4 octobre. Ce soir, Stefie Shock se paie la traite. «Ariane m'a dit que Studio 12 est un terrain de jeu pour les artistes, car ils peuvent essayer plein de choses et que l'acoustique de l'endroit est vraiment bonne. C'est un camp de vacances payé pour eux. D'autant plus qu'ils ne viennent pas s'asseoir dans la chaise de Barbara Walters pour se confier. Quand je leur parle, on s'en tient au processus de création, aux anecdotes musicales.

«Ça tombe bien, car je ne suis pas people, ce que j'aimais moins faire à Flash, ajoute Rebecca Makonnen. Quand on exigeait, lors du lancement d'un livre, par exemple, que je demande à l'auteur si sa demande d'adoption avait été acceptée, j'avais un malaise.»

Ce n'est pas cette saison qu'elle cumulera suffisamment de points Aeroplan pour aller sur la Lune, comme lors de son année passée à Flash, où elle partait régulièrement en avion à Los Angeles pour interviewer des George Clooney et Brad Pitt. Mais Rebecca Makonnen n'est pas nostalgique. «Quand tu vas au Maroc couvrir le rallye des Gazelles, tu ne t'ennuies pas. Mais durant mon année à Flash (2006-2007), j'ai eu l'impression qu'on était toujours en remise en question. On semblait vouloir, en début de saison, cibler un public plus jeune. Puis, d'un coup, j'ai fait des entrevues avec Dominique Michel, Michel Louvain et Clémence DesRochers dans la même semaine! Par ailleurs, tout le côté glamour ne me convenait pas. Sur un tapis rouge, je me sentais comme du bétail.»

L'animatrice avoue toutefois avoir mal pris la nouvelle de son départ de la quotidienne culturelle de TQS. «Le producteur me répétait que mon retour était presque assuré l'automne suivant. Et le diffuseur m'a dit: pour te prouver qu'on croit en toi, viens travailler à Caféine, en attendant, cet été. J'ai compris assez vite que je n'allais pas revenir à Flash, mais j'ai continué d'espérer. Puis, en août, on m'a appelée pour me dire qu'on n'avait pas réussi à me sauver! Sur le coup, ça m'a terriblement fâchée. On aurait pu m'annoncer la nouvelle avant. D'autant plus qu'on avait sûrement engagé quelqu'un d'autre à ma place bien avant. C'est un aspect du monde de la télévision que j'aime moins. Une journée, on peut t'encenser et l'autre, te tasser. Apparemment, il faut s'y faire!»

«Radio-Canada me ressemble»

Les déboires de TQS qui ont suivi le départ de Rebecca Makonnen de Flash l'ont cependant vite convaincue de passer à autre chose. Rapidement, la reporter s'est retrouvée chroniqueuse musicale à l'émission On fait tous du show-business et à Christiane Charette, puis chroniqueuse culturelle sur les ondes de RDI le matin, au Téléjournal de 18h et à C'est bien meilleur le matin! «Quelqu'un m'a dit, l'an dernier: vous êtes partout! Tant mieux, car Radio-Canada me ressemble.»

La fusion ne peut être plus totale depuis qu'elle anime Studio 12. Il faut entendre Rebecca Makonnen parler de ses entrevues musicales avec des Pearl Jam, Foo Fighters, Metallica et Red Hot Chili Peppers, rencontrés ici et ailleurs, du temps où elle était à MusiquePlus. «Je suis chanceuse, car je travaillais à MusiquePlus à une époque où l'industrie de la musique avait encore assez d'argent pour nous envoyer quatre jours aux Bahamas interviewer des Baha Men (Who Let the Dogs Out)!»

Rebecca Makonnen doit être branchée à son iPod, comme un patient à son soluté, 24h sur 24! «Je suis un peu old school par rapport à ma consommation musicale, dit toutefois l'animatrice de 31 ans. Je n'écoute mon iPod qu'en m'entraînant. Et chez moi, j'ai un ghetto blaster vieux de 20 ans, reçu en cadeau!»

Si elle avait suivi la même voie que son père éthiopien, sa mère néo-brunswickoise blonde aux yeux bleus et sa grande soeur, elle serait probablement chirurgienne, infirmière ou employée de la Banque mondiale en Haïti. Elle a plutôt opté pour le journalisme à l'Université Concordia, avant de devenir assistante-réalisatrice à MusiquePlus, en 1999. C'est que l'appel musical a été plus fort que tout... comme consommatrice et non comme artiste. «Je ne maîtrise aucun instrument, avoue l'animatrice. Pourtant, je suis allée à l'école Face où je jouais de la flûte traversière, mais j'ai tout laissé tomber. Et je le regrette. J'aimerais jouer de la basse ou de la batterie.»  

Et si la bande de Stefie Shock lui donnait un cours en accéléré ce soir, à Studio 12?

Studio 12, le samedi, à 17h, à Radio-Canada, et à 19h sur la Première chaîne de Radio-Canada, le dimanche, à 16h30, sur Espace Musique et le lundi, à 22h, à ARTV.