On avouait autrefois ces plaisirs en rougissant et on les affiche dorénavant avec fierté. Faites gaffe, car les plaisirs coupables d'aujourd'hui pourraient bien devenir les cultes de demain. Voici une liste qu'on vous invite à compléter avec vos propres suggestions.

Le quétaine

Hier, on s'en défendait. Aujourd'hui, on le vénère. Rien de plus cool que d'afficher son amour des choses quétaines - remercions les hipsters. Cette moustache atroce, ce chandail affreux, cette musique horrible, ce meuble laid jeté par grand-maman et récupéré par sa petite-fille branchée, tout cela assumé avec joie et arrogance, voilà bien la preuve que le quétaine est devenu une sorte de posture assez répandue, puisque le quétaine de nos jours, c'est d'être snob. Car comme le disait le cinéaste John Waters: il faut beaucoup de goût pour comprendre le mauvais goût.

Les années 80

Considérées par ceux qui les ont vraiment vécues comme la décennie où tout a commencé à se détraquer, les années 80 sont perçues aujourd'hui comme une époque pleine de folie et d'innocence. Les films de Ricardo Trogi, la série Stranger Things, les partys 80 de P-A Méthot, les samedis soir Pop 80 au La Tulipe, le respect pour les synthétiseurs: les exemples sont innombrables et les années 80 ainsi siphonnées sont à deux doigts de redevenir vraiment ringardes. Elles sont aux jeunes des années 2000 ce que les années 60 étaient aux jeunes des années 80, au fond.

The Price Is Right

Véritable ode au capitalisme sauvage, ce jeu télévisé de plus en plus anachronique consiste à deviner le prix de produits pour gagner d'autres produits, tous présentés par des femmes-objets au sourire béat. C'est pourtant une émission increvable - qui a d'ailleurs eu ses versions québécoises - même si son plus célèbre hôte, Bob Barker, a pris sa retraite. Et on a conservé les mêmes jeux et le même look depuis ses débuts. Comme si tout le monde souhaitait sincèrement jouer au moins une fois à Plinko. COME ON DOWN!

Les geeks

Autrefois vus comme des boutonneux sans vie sexuelle qu'il ne fallait pas fréquenter (mais avec qui on adorait jouer aux jeux vidéo en cachette), les geeks sont devenus cultes, voire des dieux, et Steve Jobs est l'Être suprême, encore vénéré dans des grands-messes technologiques. Ils ont tous des emplois, ils sont tous promis à un avenir brillant, et nous avons tous besoin d'eux pour survivre dans ce monde moderne qu'ils ont créé pour nous soumettre, les salauds.

Photo archives AP

The Price Is Right

Passe-Partout

Cette émission pour enfants par moments très bizarre a carrément donné son nom à une génération, celle qui devait faire advenir une société douce et gentille (en vain). Personne n'a été épargné, les parents ont transmis à leur progéniture ses airs obsédants qui font toujours des ravages, et Télé-Québec prévoit un remake que plus d'adultes que d'enfants voudront regarder, probablement.

Céline Dion

Comment la petite fille aux dents croches de Charlemagne, tête de Turc des humoristes pendant des décennies, est-elle devenue une star planétaire, une icône de la mode et une déesse vénérée par des millions de fans? À ses débuts, les personnes estimant avoir du goût auraient préféré se faire couper une main plutôt que d'avouer publiquement qu'elles aimaient les tounes de Céline. On reconnaît ces hypocrites quand ils soutiennent avoir compris tout de suite que son meilleur album était celui de Jean-Jacques Goldman. Cette spectaculaire transformation de la psyché collective québécoise envers Céline, c'est un peu la faute à Xavier Dolan et à Safia Nolin, enfin, à cette génération insupportablement décomplexée.

Photo archives Télé-Québec

Passe-Partout