De Chopin, le Concerto pour piano no 2 en fa mineur, opus 21, est l'une des oeuvres préférées de David Jalbert, soliste invité par l'Orchestre Métropolitain vendredi soir à la Maison symphonique, sous la direction du chef autrichien Christoph Campestrini.

« Depuis mes débuts, j'ai fait plusieurs concertos et je n'ai pas nécessairement envie d'en rajouter sans cesse à mon répertoire, mais... J'ai accepté l'offre de l'Orchestre Métropolitain de jouer celui-ci, car il m'allume depuis longtemps. Il m'allume tellement que j'ai refusé de le jouer parce que j'avais peur d'être trop ému et d'en rater l'interprétation. L'occasion s'est finalement présentée, je me suis dit que c'était le moment ou jamais », confie le pianiste que nous avons joint à Ottawa, où il réside.

Considéré comme l'un des meilleurs pianistes de concert au Canada, David Jalbert mène une double carrière, étant professeur agrégé à l'École de musique de l'Université d'Ottawa.

« Peu de musiciens classiques arrivent à donner autant de concerts et à concilier l'enseignement universitaire à temps plein. Je n'ai pas une vie reposante, mais cette vie est très satisfaisante pour moi. Avant que j'accepte ce poste à Ottawa, je n'ai fait que du concert pendant une dizaine d'années. J'ai beaucoup aimé que l'enseignement s'ajoute à mon horaire quotidien, car cette autre profession m'aide à rester sain d'esprit ! », explique le musicien. 

« Lorsque l'on est sans cesse en tournée, souligne-t-il, on est très seul. C'est l'avion, le train, l'aéroport, la gare, la chambre d'hôtel... et l'on est toujours dans sa tête avec le stress de la tâche à accomplir. C'est pourquoi côtoyer mes élèves est très enrichissant : les voir avancer, ça demande de l'énergie, mais ça en redonne aussi beaucoup ! L'été, d'ailleurs, il m'arrive de mal répéter, contrairement aux mois d'enseignement où j'évite de tomber dans mes mauvaises habitudes, car je passe mes journées à corriger celles de mes étudiants. Ça me tient plus alerte. »

Et n'allons surtout pas croire que la vie de concertiste soit reléguée au second plan pour David Jalbert.

 « Vous n'avez qu'à consulter mon horaire de tournée et vous verrez que ça ne dérougit pas. Je fais plein de choses en même temps, tout le temps. »

- Le pianiste David Jalbert

Comme c'est le cas des meilleurs interprètes de niveau international, le pianiste québécois est titulaire de deux Artist Diplomas, obtenus à la Juilliard School de New York et la Glenn Gould School de Toronto. Auparavant, il avait fait des études de maîtrise à l'Université de Montréal à 21 ans, après le Conservatoire. Il a remporté quatre prix Opus, a été trois fois sélectionné aux prix Juno. Le prestigieux prix Virginia Parker du Conseil des arts du Canada lui a été décerné en 2007.

ÉLÉGANCE

Lorsqu'on lui suggère de résumer sa personnalité pianistique, le mot élégance lui vient d'abord à l'esprit. « Je suis sensible à cette qualité, enfin, j'y aspire. Ainsi, j'essaie d'éviter les émotions excessives. La maîtrise du contrepoint est aussi très importante dans le choix des oeuvres que j'interprète. Les Nocturnes de Fauré, par exemple, sont très contrapuntiques même si elles n'en ont pas l'air. »

Fauré, Bach, Chostakovitch, Poulenc, Satie, Beethoven, Dvořák, John Adams, Philip Glass, Chopin, on en passe... À l'évidence, David Jalbert s'intéresse à l'ensemble du répertoire classique pour le piano.

« Ça m'a peut-être nui en termes de profil, laisse-t-il tomber. J'étudiais encore à Juilliard et mon agent m'avait recommandé de me concentrer sur des compositeurs contemporains comme John Corigliano et Frederic Rzewski, dont j'avais interprété la musique sur mon premier album, très bien reçu, d'ailleurs. Et... je n'en ai fait qu'à ma tête en enregistrant les Nocturnes de Fauré, puis les Préludes et Fugues de Chostakovitch. J'aime m'adapter à ces styles de jeu variés, à ces époques différentes. Je veux vivre toutes ces émotions. » 

Le pianiste David Jalbert se produit vendredi, 19 h 30, à la Maison symphonique, en concert avec l'Orchestre Métropolitain sous la direction de Christoph Campestrini. Au programme, Ravel (Pavane pour une infante défunte), Chopin (Concerto pour piano no 2), Berlioz (Symphonie fantastique).