Groupant quelque 80 élèves de l'UdM, de McGill et du Conservatoire, l'orchestre s'appelait simplement Concerts de la Métropole lorsqu'il fit ses débuts le 4 mai dernier dans la sixième Symphonie de Mahler. Des débuts aussi étonnants qu'ils avaient paru téméraires, comme on s'en souvient.

Dix mois plus tard, et toujours dirigée par son fondateur Maximilien Brisson, 23 ans, la jeune formation a maintenant un nom, Orchestre philharmonique de la Métropole, et revenait vendredi soir sur les lieux de son baptême, l'église Saint-Pierre-Claver du boulevard Saint-Joseph.

Cette fois, l'orchestre était moins considérable (63 musiciens) et l'auditoire était encore mince: une centaine de personnes. Ce qui est normal pour un ensemble qui débute et qui se produit loin du centre-ville. Mais il mérite qu'on le suive parce qu'il travaille bien et qu'il propose une programmation originale.

Choisir la Sixième de Mahler pour des débuts était un geste fort audacieux. Cette fois, Maximilien Brisson se tournait vers la rare Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz. Datant de 1840, l'oeuvre en trois mouvements totalisant une demi-heure accompagna alors un cortège funèbre et mobilisa un orchestre d'harmonie (bois, cuivres et percussions) de quelque 200 instrumentistes. Pour une audition en salle, Berlioz y ajouta 15 violoncelles et 10 contrebasses ainsi qu'un choeur final.

Selon nos archives, l'oeuvre n'a été montée que deux fois à Montréal. À l'OSM en 1985, Dutoit dirigea d'abord deux des trois mouvements en concert et signa ensuite un enregistrement intégral, avec choeur - dans les deux cas avec des effectifs de proportions normales. À McGill en 2004, Alain Cazes recréa les conditions originales avec quelque 400 participants, soit 145 instrumentistes et 250 choristes. Rien qu'au chapitre instrumental, sa gargantuesque formation comprenait 34 clarinettes, 18 flûtes, 15 trompettes, 14 trombones et 12 saxophones.

La présentation de vendredi soir était beaucoup plus modeste. Elle se limitait à 45 instrumentistes se partageant l'instrumentation originale pour bois, cuivres et percussions. Chacune des parties était intacte, bien que tenue par un nombre réduit de musiciens. Ainsi, on en comptait 11, au lieu de 34, pour les quatre parties de clarinettes.

Aidé par la réverbération de la vaste église peu remplie, et dirigeant de mémoire, M. Brisson parvint à produire avec 45 musiciens l'impression d'une formation beaucoup plus considérable. Mieux encore, il conféra une sorte de noblesse à la pompeuse partition.

La première moitié du programme réunissait l'orchestre complet et donc avec les cordes. Un arrangement des Bateliers de la Volga mit en valeur le solide tromboniste Bruno Laurence Joyal. Berlioz prit ensuite la vedette. Tout d'abord avec le tableau Chasse royale et Orage, de l'opéra Les Troyens, assorti de l'écho de deux cors placés dans une galerie latérale, puis avec le cycle Les Nuits d'été, partagé entre plusieurs chanteurs, comme le souhaitait le compositeur.

Des trois jeunes chanteurs entendus, le baryton François-Nicolas Guertin se distingue par un beau timbre. Sans doute nerveux au début, il ne chanta pas toujours les bonnes notes cependant. La soprano Carol Léger pousse une voix petite et stridente, mais elle est bonne musicienne. La mezzo Erica Lee Martin a hélas! peu à offrir. L'orchestre eut parfois du mal à suivre les voix; il fut meilleur dans le reste du programme.

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ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE LA MÉTROPOLE. Chef d'orchestre: Maximilien Brisson. Vendredi soir, église Saint-Pierre-Claver.