C'est chez notre chère vieille grand-mère musicale de 121 ans, le Ladies' Morning Musical Club, que le Quatuor Emerson fit ses débuts ici: en 1986, 10 ans après sa fondation à New York. Le LMMC le présentait dimanche pour la 15e et dernière fois dans sa présente composition. En effet, le violoncelliste David Finckel quitte le Emerson à la fin de la présente saison et sera remplacé par le Britannique Paul Watkins. Finckel va poursuivre sa carrière de chambriste avec sa femme, la pianiste Wu Han, et un coéquipier du Emerson, le violoniste Philip Setzer. Le trio clôturera la saison du Club le 5 mai.

L'un des quatuors les plus célèbres au monde, le Emerson avait attiré une salle comble et visiblement sensible à l'imminent départ du bien-aimé Finckel. Ironie du sort, c'est de lui que vinrent les meilleurs moments de musique, principalement au mouvement lent, indiqué «triste», du premier Razoumovsky de Beethoven. Les musiciens jouaient debout (sauf, bien sûr, M. Finckel). Le Mozart possédait une chaude sonorité d'ensemble et le Beethoven était bien senti, mais les deux oeuvres furent marquées de divers problèmes, légers mais réels, chez les deux violonistes alternant au premier pupitre.

Chose rare chez lui, le Emerson y allait d'une nouveauté, The Four Quarters, de Thomas Adès, compositeur britannique à la mode en ce moment. Vingt minutes de n'importe quoi: tenues de notes, dissonances, glissandos, pizzicatos, ostinatos, syncopes piquées chez Bartok, grincements étudiés. Un bon élève de conservatoire ferait mieux. Mais il ne serait pas joué parce qu'il ne s'appelle pas Thomas Adès.

QUATUOR À CORDES EMERSON - Eugene Drucker et Philip Setzer (violons), Lawrence Dutton (alto) et David Finckel (violoncelle). Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill. Présentation : LMMC.

Programme :

Quatuor no 20, en ré majeur, K. 499 (1786) - Mozart

The Four Quarters (2010) - Adès

Quatuor no 7, en fa majeur, op. 59 no 1 (1806) - Beethoven