Notre week-end musical s'est ramené à deux soirées baroques, vendredi et hier, à la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours du Vieux-Montréal.

Clavecin en concert y ouvrait sa 17e saison vendredi en invitant Marie-Josée Lord à délaisser momentanément Verdi, Puccini et Gershwin pour le XVIIIe siècle. L'encadrement d'instruments anciens (cordes de boyau et le reste) ne dessécha aucunement le style vocal de la populaire Haïtienne qui, au contraire, chanta avec sa générosité et son abandon habituels.

Luc Beauséjour lui avait confié deux cantates profanes, Delirio amoroso de Handel et Orfeo de Pergolesi, ayant un thème commun: le personnage principal va rejoindre l'être aimé aux enfers. Mme Lord y apporta la voix, la musicalité et l'intelligence souhaitées. Dommage que tant de qualités aient été le plus souvent noyées dans la réverbération du lieu à moitié rempli.

Son expression et sa virtuosité vocale servirent ensuite, toujours de Handel, des airs tirés des opéras AlcinaGiulio Cesare et, en rappel, Rinaldo.

M. Beauséjour dirigeait du clavecin le petit ensemble de six instrumentistes dont se détachaient l'énergique violon d'Hélène Plouffe et le plaintif violoncelle d'Amanda Keesmaat.

L'Ensemble Caprice avait attiré une assistance un peu plus nombreuse hier soir avec son programme Bach axé sur trois des six Concertos brandebourgeois. Le directeur Matthias Maute, également connu comme virtuose de la flûte à bec, avait retenu les deuxième et quatrième concertos, où son instrument est soliste, ainsi que le cinquième, qui donnait la vedette à son claveciniste, Erin Helyard.

Joués selon la formule d'un instrument par partie, les Brandebourgeois reçurent des lectures toujours vivantes aux tempi parfois trop rapides cependant. Le préposé à la trompette «naturelle» ne joua pas toujours les bonnes notes, le claveciniste Helyard livra la fameuse cadence du cinquième concerto avec des rubatos excessifs, en contradiction avec la rigueur qui l'entourait, et Olivier Brault éclipsa sans peine les deux violonistes importés de New York.

M. Maute se donne beaucoup de mal pour mettre en valeur sa flûte à bec. Il n'a rien dit d'intéressant en transcrivant le Concerto italien, mais son pastiche de Bach pour flûte à bec seule est plus réussi.

CLAVECIN EN CONCERT. Dir. Luc Beauséjour. Handel, Pergolesi. Vendredi soir, Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.

ENSEMBLE CAPRICE. Dir. Matthias Maute. Bach, Maute. Hier soir, Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.