L'été dernier, Blue Rodeo a perdu un membre, et non le moindre: Bob Egan, l'ex-Wilco qui avait quitté les États-Unis pour se joindre au vétéran groupe torontois il y a près de 20 ans.

Le nouveau papa sexagénaire s'est trouvé un boulot dans ses cordes à la bibliothèque de Kitchener.

«Je pense que ça lui manque, mais quand on a un enfant à son âge, ce n'est plus aussi facile de partir en tournée six mois par année, explique Jim Cuddy, l'une des deux voix de Blue Rodeo avec Greg Keelor. Et puis, c'est un peu différent d'être le joueur de pedal steel et de mandoline dans le groupe sans faire partie de son noyau créatif. Ce n'est pas ton band, tu es un musicien dans le band

Ce n'est pas la première fois que Blue Rodeo doit remplacer un de ses membres qui décide d'aller voir ailleurs s'il s'y trouve. Les fans de longue date se souviendront du flamboyant claviériste Bob Wiseman, dont la présence scénique était l'une des forces de Blue Rodeo à l'époque de l'album Diamond Mine, à la fin des années 80.

«Son départ a été dévastateur parce qu'il était le premier élément majeur du groupe à partir, rappelle Cuddy. Mais ça nous a libérés pour faire autre chose, pour aller dans une autre direction. Ça n'aurait pas été aussi facile de faire Five Days in July avec Bobby. D'ailleurs, on n'a pas eu un claviériste aussi fort que Bobby pour prendre un solo jusqu'à l'arrivée de Michael Boguski [en 2008].»

Dans la tournée actuelle, qui s'arrêtera à la salle Wilfrid-Pelletier ce soir, Blue Rodeo a fait appel à Jim Bowskill, des Sheepdogs, qui joue de la pedal steel, de la mandoline et du violon, pour remplacer Bob Egan. Déjà, Bowskill prenait le solo de mandoline sur la chanson I Can't Hide This Anymore du plus récent album de Blue Rodeo, 1000 Arms. Quand Bowskill ne sera pas disponible, le groupe recrutera d'autres musiciens, dont l'excellent guitariste montréalais Joe Grass, un complice de Patrick Watson et de Marie-Pierre Arthur.

«Quand on perd quelqu'un comme Bob [Egan] et qu'on le remplace par quelqu'un d'autre, ce n'est plus le même groupe, reconnaît Cuddy. Aujourd'hui, Blue Rodeo est le groupe de deux auteurs-compositeurs [Cuddy et Keelor] et de vrais musiciens comme Colin Cripps, Michael Boguski et Jim Bowskill qui, quand on leur donne l'occasion de prendre un solo, sont vraiment impressionnants. Et puis, bien sûr, on a encore une des meilleures sections rythmiques qui soient.»

Un groupe démocratique

N'empêche, Blue Rodeo est encore et toujours une entité démocratique. Ainsi, Cuddy aurait bien aimé inclure davantage de chansons de l'album 1000 Arms dans le spectacle actuel, mais il a dû se soumettre à la volonté de la majorité qui s'est rangée derrière Keelor.

«C'est frustrant pour moi parce qu'on a commencé par en jouer six, puis cinq, puis quatre et, récemment, trois, raconte Cuddy. Greg estime que le rythme du spectacle s'en trouve amélioré. Je préférerais jouer plus de nouvelles chansons, mais j'ai perdu le vote.»

La question a été vivement débattue au sein de Blue Rodeo lors d'un arrêt à Vancouver, se souvient Cuddy, et, peu après, un critique a louangé le groupe parce qu'il n'assommait pas son public avec ses nouvelles chansons.

«Je ne pouvais pas gagner», lance Cuddy en pouffant de rire.

«Je ne dis pas qu'ils ont tort, mais j'espère qu'on va jouer un peu plus de chansons récentes lors de notre tournée estivale.»

Dans les cartons de Blue Rodeo, nous dit Cuddy, il y a un éventuel concert entièrement acoustique qui serait donné dans les salles du pays dont l'acoustique est supérieure. Déjà, le groupe se débranche le temps d'un segment important du concert qu'on verra mercredi.

Par la suite, Jim Cuddy pourra se consacrer à un album bien à lui, son premier depuis Skyscraper Soul en 2011.

«Ça fait plusieurs années d'affilée que Blue Rodeo travaille et je fais toujours mes disques solos quand tout le monde dans le groupe est épuisé, dit-il en riant. Mais comme je suis moi aussi dans le même état, il faut que je planifie les choses un peu. On verra bien ce qui va se passer au cours des prochains mois.»

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Ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier.