À l'image d'Emily Haines et de Karen O, Marie-Pierre Bellerose donne une voix féminine au quintette Midnight Romeo. Mais à l'opposé de ses collègues de Metric et des Yeah Yeah Yeahs, elle peut compter sur une autre présence féminine dans le groupe. Une claviériste dont le nom la prédestinait à croiser son chemin: Marie-Pierre Bellefeuille!

Deux panthères noires échangent des regards sur la pochette du deuxième album de Midnight Romeo, Le luxe, qui vient de paraître. Il aurait pu s'agir de tigres, car l'esthétique sonore et l'adrénaline mélodique des chansons rappellent la belle époque du tube Eye of the Tiger. Tantôt avec une couche supplémentaire de kitsch à la Physical d'Olivia Newton-John, tantôt avec une introspection mélancolique à la Mylène Farmer.

Le quintette de Québec est formé d'amis du cégep qui étudiaient en musique. Ils ont fondé un groupe-hommage à Portishead, puis un autre qui jouait des tubes pop dans des restaurants et lors de fêtes d'entreprises.

Ces «enfants des années 80» ont ensuite créé un groupe électro-rock-dance qui s'inspire aussi de ses contemporains Kavinski, Data «et même Skrillex, à la limite», indique Marie-Pierre Bellerose.

Midnight Romeo fait un grand pas en avant avec son second album. De l'avis des membres du groupe, les tempos rapides de son prédécesseur en étaient presque agressants.

«C'était une bombe presque difficile à écouter au complet», dit le guitariste Julien Valois Dobbie.

Pour l'anecdote, c'est grâce au premier album que Jonathan Girard s'est joint à Midnight Romeo, remplaçant le batteur précédent, Marc-Antoine Delarosbil. «J'étais un fan du groupe», raconte-t-il.

Un son international

Plusieurs groupes de Québec maîtrisent un genre musical très précis avec une facture anglophone internationale. L'électro-pop de Midnight Romeo tranche avec le folk-pop de The Seasons ou le métal de Dance Laury Dance.

Entièrement autoproduit, le deuxième album du groupe pourrait avoir été conçu à New York, mais c'est bel et bien un fruit musical de la capitale du Québec - enregistré et mixé avec brio par le guitariste du quintette, Olivier Quirion, et coréalisé par Steve Nadeau (The New Cities).

«Nous voulions un album sombre, artsy mais qui reste catchy», explique Olivier. Varier les atmosphères, les harmonies et les grooves, renchérissent chacun de leur côté les membres du groupe, pour qui les albums Bankrupt! de Phoenix et Random Access Memories de Daft Punk ont servi de références.

«Notre musique est inspirée de l'électro-rock eighties, mais c'est intégré à notre approche de band de tout créer de façon live», explique la claviériste Marie-Pierre Bellefleur. «Les sons sont synthétiques, mais le playing est organique», résume Olivier.

Vous l'aurez deviné, les membres de Midnight Romeo assument pleinement leurs références pop et anglophones. «C'est le résultat d'une démarche naturelle, et non de quelque chose de réfléchi», précise Julien Valois Dobbie.

Midnight Romeo a néanmoins invité la musicienne jazz d'origine française Alice Bradier à réciter un poème dans la langue de Molière sur la chanson Arrival.

Le luxe s'écoute sans bouder son plaisir. Un mur de son s'érige pendant la pièce d'ouverture dansante et introspective Unbreakable Girl, alors que les claviers au pas de course de Guns Guns Guns reproduisent l'époque de Flashdance.

Pour ralentir le rythme, la ballade Moshi prépare l'auditeur à une fin d'album digne de l'indicatif musical de Lance et compte.

On ne peut prêter des vertus d'originalité à Midnight Romeo, mais on ne peut certainement pas lui reprocher de manquer de flair mélodique.

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ÉLECTRO-DANCE. Midnight Romeo. Le luxe. Indépendant. Spectacle-lancement le 12 mars au Divan Orange.