C'est un Vincent Vallières fier et fébrile qui rentre à Montréal pour la première de Fabriquer l'aube au Métropolis, jeudi prochain. Un spectacle dont la mise en scène, signée Brigitte Poupart, devrait nous réserver quelques surprises.

La metteure en scène est réputée pour son travail avec des artistes comme Misteur Valaire, Florence K, Alex Nevsky et Yann Perreau, ainsi que pour ses collaborations avec le chorégraphe Dave St-Pierre, à qui elle a consacré un documentaire, Over My Dead Body. On l'a aussi connue comme comédienne, notamment dans Monsieur Lazhar.

Le chanteur en est à sa seconde collaboration avec elle. «C'est une mise en scène qui me ressemble et qui cerne bien mon univers, dit Vincent Vallières. Les gens qui viennent à mes concerts aiment la proximité et les histoires que racontent mes chansons. Mais au fil des spectacles, on constate qu'ils ont soif de contenu. Ils veulent qu'un spectacle aille au-delà des chansons.»

Avec sa collaboratrice, il a donc peaufiné une mise en scène qui devrait apporter cette touche de magie qui transcende la musique. Mais il se fait discret sur les détails pour ne pas brûler les punchs.

«C'est la première fois que je pars en tournée avec des moyens techniques aussi importants, dit-il. Mais il n'y a pas de gros effets spéciaux ni de projections. On a travaillé avec une scénographie à l'échelle humaine. On s'inspire des éléments qui sont dans les chansons, comme le mouvement ouvrier pour des pièces comme Asbestos et Fermont. On s'est inspirés de ces réalités - par exemple, le genre d'éclairage qu'il aurait pu y avoir au fond d'une mine.»

Nouvelles chansons

Son spectacle donne évidemment la priorité aux chansons de Fabriquer l'aube, sans négliger pour autant ses grands succès comme On va s'aimer encore.

«Le grand désir, quand on présente de nouvelles chansons, c'est qu'elles entrent dans la vie des gens, dit-il. Je suis déjà à même de constater que les chansons de Fabriquer l'aube ont fait leur chemin dans l'oreille du public. Elles prennent vie sur scène, elles sont reconnues et attendues. C'est important pour moi de les mettre de l'avant en spectacle. Et mon public respecte cette démarche-là.»

Parmi les favorites de Fabriquer l'aube, il y a L'amour, c'est pas pour les peureux, qui a tourné à la radio, et Lili, écrite pour sa fille.

«Lili touche beaucoup [les gens], je le constate sur scène. C'est une chanson d'espoir et d'amitié, qui dit qu'on va passer au travers des obstacles qui se présentent dans notre vie.»

Même si le spectacle a déjà été donné une dizaine de fois dans la province, une première montréalaise occasionne toujours un certain trac.

«Il y a une fébrilité, c'est sûr, mais je suis content de mon cheminement personnel et des améliorations que j'ai apportées à mes spectacles avec le temps. J'ai beaucoup travaillé sur mon jeu de guitare, ma position sur scène, les monologues que je fais entre les chansons et tous les éléments de transition. Je sens que j'évolue et c'est important, au-delà du succès, d'y trouver son compte sur le plan humain.»

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Au Métropolis le 13 février. En tournée jusqu'au mois de novembre.

Jamais sans ses baskets

La vie de tournée rock'n'roll peut être dévastatrice pour la santé d'un artiste. Lors de sa première tournée, Vincent Vallières aimait fêter après ses spectacles et manger de la poutine avec son équipe. Vingt livres gagnées plus tard, il a décidé de mettre un frein à ces mauvaises habitudes! Depuis, il mange mieux et, surtout, il ne visite jamais une ville sans trimballer ses chaussures de sport pour courir pendant une heure l'après-midi, après les tests de son. «Non seulement ça me fait du bien, mais ça me permet aussi de découvrir le territoire, les paysages et les villes québécoises d'une autre façon. Ça m'inspire pour mes monologues pendant les spectacles. Je peux parler aux gens des lieux qu'ils connaissent et que j'ai vus en courant. Ils l'apprécient beaucoup.» La course permet de faire d'une tournée une expérience différente. «On peut très bien vivre une tournée en passant d'un véhicule à une loge, à une scène, à une chambre d'hôtel, jusqu'à la prochaine ville. Le fait de courir pendant une heure au quotidien m'a permis de vivre bien des expériences fascinantes. Grâce à la course, mon rapport à mon métier prend un autre sens.»