En septembre dernier, The Dears a dévoilé, en primeur à Pop Montréal, les chansons de son nouvel album, Degeneration Street. L'album sort enfin mardi. Un retour en force pour le groupe montréalais, après les allées et venues de plusieurs de ses membres.

Nous avons rencontré Murray Lightburn, chanteur du groupe montréalais The Dears, en septembre, alors que la formation s'apprêtait à interpréter l'intégralité de Degeneration Street dans le cadre de Pop Montréal. Nous l'interrogions sans rien avoir entendu du nouveau matériel. «C'est le meilleur de The Dears: un greatest hits avec juste des nouvelles chansons», avait-il déclaré.

Dans le sous-sol de l'église portugaise Santa Cruz, notre initiation live à l'album avait été très prometteuse: le groupe était en symbiose sur scène. Maintenant que l'album est entre nos mains, cinq mois plus tard, nous pouvons conclure que Degeneration Street est un album puissant, pour ne pas dire une bombe.

Pourtant, il y a quelques années, The Dears était affaibli par la forte rotation de ses membres. Le groupe se résumait à Murray Lightburn et sa femme, la claviériste Natalia Yanchak. «C'était difficile, confie-t-elle. L'album Missiles a été une thérapie. C'était comme un divorce: j'ai appris beaucoup sur moi et sur mes attentes d'être dans un groupe.»

Mais voilà, d'anciens membres sont rentrés au bercail. Roberto Arquilla, le bassiste du tout premier album (End of a Hollywood Bedtime Story) est de retour, de même que le guitariste Patrick Krief et le multiinstrumentiste Rob Benvie, qui a amené avec lui le batteur Jeff Luciani.

«Tous les musiciens du groupe sont excellents, insiste Natalia Yanchak, que nous avons rencontrée à la pâtisserie Afroditi de Parc-Extension, là même où son mari nous avait donné rendez-vous en septembre. Le nouvel album, c'est davantage une collaboration de tous les membres du groupe.»

Un réalisateur

Lightburn a la réputation d'être perfectionniste et contrôlant. Mais la genèse de Degeneration Street a presque été facile. D'abord parce que le groupe est allé au Mexique en mai dernier pour jouer ses nouvelles chansons avant d'entrer au studio. «Nous voulions façonner les chansons et avoir l'énergie du live en studio», explique Natalia Yanchak.

Pour la première fois en cinq albums, Lightburn a confié le gouvernail du studio à un réalisateur, Tony Hoffer, un pro qui a travaillé avec des groupes comme Depeche Mode, Beck, Phoenix et Belle&Sebastian. «C'était lui ou Nigel Godrich, qui a travaillé avec Radiohead», indique Natalia Yanchak.

«Nos premières conversations ont eu lieu sur Skype alors que nous étions au Mexique, raconte-t-elle. Puis en studio, c'était naturel. Il y avait une confiance et un respect mutuels (...) Tony a mis de la poudre de Fée clochette sur nos chansons.»

Et qui a assuré le mixage de Degeneration Street? Nul autre que Brian «Big Bass» Gardner, qui a mixé plusieurs grands albums des dernières décennies, de Blondie et CCR à Michael Jackson en passant par Dr. Dre, The Killers et The Foo Fighters. Disons que The Dears n'a pas travaillé avec des tout-nus...

Un grand album

Degeneration Street est un grand album, avec des chansons qui donnent des frissons. C'est comme si tout était à la bonne place, au bon moment, avec le bon effet. Cela va droit au but. «C'est plus agressif, et il y a une pureté sonore, opine Natalia Yanchak. Quand nous l'avons écouté la première fois, on savait qu'il y avait quelque chose de spécial.» Selon Natalia, une chanson comme Galactic Tides est «un coup au coeur» et la pièce-titre,  très «lourde» de sens.

The Dears partira en tournée au printemps. Sur scène, les membres du groupe ont du plaisir à nouveau, alors qu'«à un moment donné, cela ne l'était plus».

Il sera intéressant de voir comment Degeneration Street sera reçu. «Je suis tellement confiant que j'ai beaucoup d'attentes», avait confié Murray Lightburn, en septembre. En ce qui nous concerne, c'est mission accomplie. Très haut la main.