La nouvelle mouture de la pièce Les Belles-soeurs de Michel Tremblay connaît un immense succès sous la forme de la comédie musicale telle qu'adaptée par René-Richard Cyr au livret et Daniel Bélanger à la musique. Après avoir fait salle comble au Théâtre d'aujourd'hui au printemps, la pièce passe tout l'été à Joliette où les places se font rares pour les 40 représentations à venir. Ce n'est que lors de la tournée qui s'amorcera en septembre 2011 que les spectateurs des régions pourront la voir. Si l'attente est trop longue, certains pourront se rabattre sur le disque de la production qui sera lancé mardi.

Si la mise en scène de Cyr y est pour beaucoup dans ce succès qui dépasse les attentes de tous ses créateurs, le disque, lui, permet de mettre en lumière le travail de Bélanger qui a plongé dans cette aventure tête première et qui lui a permis de briser le quatrième mur du théâtre par la musique. «On a parlé beaucoup René et moi. Comme c'est lui qui a eu l'idée, je me fiais beaucoup sur lui pour déterminer quelle chanson allait être plus triste, comique ou si ça devait être up tempo ou pas. Et René avait toujours la même réponse: je le sais pas. Envoie-moi des tounes pis on verra!» relate Bélanger.

 

Le compositeur avoue d'ailleurs que la première tentative a été un échec. «Je me suis planté complètement. On a bien ri. Par après, je suis passé à une autre et on venait de le trouver.» C'est la touchante chanson Mon vendeur de brosses écrite pour le personnage de Des-Neiges Verrette, interprétée de brillante façon par Kathleen Fortin, qui a donné le ton au reste de la production.

Écriture musicale

Ce sont d'ailleurs les personnages eux-mêmes qui ont été le moteur de création pour Daniel Bélanger. Il souligne que l'écriture de Michel Tremblay est à la base assez musicale, ce qui a facilité drôlement son travail. «René-Richard a fait le livret en partant du texte de Tremblay. Une fois ou deux seulement on a fait des ajouts de rimes pour que la bête passe dans le petit trou, mais sans plus. C'est là que je me suis rendu compte que c'est très très musical comme écriture.»

Le défi des Belles-Soeurs est arrivé à un moment dans la carrière de Daniel Bélanger où il se sentait la force de le faire. «Honnêtement, je ne suis pas certain que j'aurais été capable de faire ça il y a dix ans. Par contre, depuis quelques albums, je n'ai presque plus de rimes dans mes chansons. Je travaille avec des textes libres sur lesquels je mets de la musique alors dans un contexte comme celui des Belles-Soeurs, je me sentais très à l'aise. C'était tout à fait dans le courant de ce que je fais depuis quelques années.»

Surprise sur scène

Bélanger, seul à son piano, avait une bonne idée des ambiances qu'il créait. La surprise a cependant été totale lorsque ses pièces ont pris vie sur scène. «C'est tellement plus fort chanté par ces 15 vraies femmes. Ce sont des comédiennes incroyables qui mettent tout leur bagage au service des chansons. Quand je me suis retrouvé face à ça, j'ai été flatté. C'était de loin supérieur à ce que j'ai écrit.»

L'album qui sera lancé cette semaine est ni plus ni moins que les 14 chansons que l'on peut entendre en spectacle. La captation a été réalisée lors d'une représentation au Théâtre d'aujourd'hui. À l'image de la pièce de Tremblay, on y retrouve la belle dualité entre l'humour (La Noce, Maudite vie plate, l'Ode au bingo) et le drame (Criss de Johny, La Porte d'en avant, Maudit cul). Chacune des pièces explorant des styles différents mais toujours dans le modèle des comédies musicales.

«Je me suis demandé ce qu'on pouvait bien écouter dans les années 60 et ce qui sortait des transistors dans les cuisines. Je me suis approché du motown un peu comme celui que Pierre Lalonde pouvait faire. Je suis content parce que je voulais avoir à la fois quelque chose d'assez élaboré mais qui sont aussi des petits vers d'oreille», sourit Bélanger. À entendre les gens fredonner à la fin de la représentation, on comprend qu'il a réussi de ce coté.

Le disque demeure un bon souvenir pour ceux qui ont vu la production. Par contre, est-il possible qu'il intéresse un public qui n'a pas vécu l'expérience musicale des Belles-Soeurs? «Je ne le sais pas. On l'a fait surtout en pensant aussi à ceux qui l'ont vu et qui veulent se remettre dedans», conclut Daniel Bélanger.