Jusqu'ici, la vague des chanteuses «rétro-soul» nous venait plutôt de l'Angleterre. Pensez Duffy, Adèle et bien sûr, Amy Winehouse. Mais le mouvement a pris une tournure américaine avec le premier album de Diane Birch lancé l'automne dernier...

L'auteure-compositrice-interprète, qui est de passage au Club Soda soir, en a séduit plus d'un avec ce Bible Belt sorti de nulle part. Certains l'ont comparée à Carole King, Carly Simon et Laura Nyro. D'autres ont évoqué la soul blanche des années 60 et 70. Les critiques ont été plutôt positives, même si tous s'entendent pour dire que Birch ne réinvente pas le genre.

 

Qu'en pense la principale intéressée? «Toutes ces références me flattent, mais le plus drôle, c'est que je n'ai jamais vraiment écouté ce genre de musique, répond-elle. Mais comme j'ai été élevée à l'ancienne, j'imagine que j'avais des prédispositions pour la musique d'une autre époque! Je dois cependant admettre que j'ai un penchant naturel pour la nostalgie...»

Nostalgique, Diane Birch l'est un peu moins quand elle parle de son enfance. Car il est vrai que la demoiselle revient de loin, et que ses premières années de vie ont été un peu spéciales.

Fille d'un pasteur adventiste, la chanteuse-pianiste a grandi entre le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et l'Oregon, dans un environnement fervent et reclus. Si la famille possédait un piano, les seuls disques qui entraient dans la maison étaient du classique, des chants religieux et de l'opéra. Quant à la télé et la radio, elles ne faisaient tout simplement pas partie de son monde. «Ce n'était pas sur mon radar», résume-t-elle.

Cette éducation austère et orthodoxe a forcément laissé des marques. Et provoqué chez elle un inévitable - quoique prévisible - retour de balancier. Avec les années de high school, Diane a foutu toute son éducation religieuse en l'air.

«Le fait d'avoir grandi à l'écart m'a certainement rendue plus curieuse. Si j'avais grandi dans un environnement plus libéral, je n'aurais peut-être pas autant poussé dans la direction opposée, explique l'artiste. J'ai eu une adolescence rebelle. Je suis devenue gothique. J'ai commencé à me questionner sur la vie. Et à écouter de la musique rock sans en parler à mes parents. Ils ont eu tout un choc quand ils ont trouvé le CD de Christian Death que j'avais caché dans ma chambre!»

Aujourd'hui, la jeune femme de 27 ans se dit officiellement non pratiquante, même si la religion fait encore partie de son univers. Elle porte des crucifix, chante avec des choeurs gospellisants et n'a pas hésité à donner un titre biblique à son album. Et si elle est définitivement sortie du cercle adventiste, ses parents n'ont pas hésité à appuyer ses choix de vie, fussent-ils à l'opposé de leur enseignement. «Ils me voyaient comme le mouton noir de la famille, mais ont fini par constater que j'avais transformé mes rêves en réalité, explique la chanteuse. Maintenant, ils sont assis en avant lorsque je donne des spectacles...»

Diane Birch, qui sera accompagnée sur scène d'un batteur, d'un bassiste, d'un guitariste, d'un trompettiste et de son inséparable piano Fender Rhodes, a amorcé la semaine dernière sa toute première tournée solo, alors que la chanson Valentino commence à faire son chemin dans les radios américaines. Rançon du succès pour l'artiste qui, tout récemment encore, se faisait connaître en assurant la première partie du chanteur pour minettes Nick Jonas, un artiste situé à des kilomètres de son univers.

«C'était bizarre au début, admet la chanteuse. Nous n'avons pas vraiment le même public. Mais en même temps, j'aime le fait que ma musique rejoint différentes générations. Tout est dans l'art de ne pas être à la mode. Il suffit d'y aller à son rythme...»

Diane Birch est en spectacle ce soir au Club Soda.