Marc Hervieux l'avait promis dès les premières minutes du spectacle, hier soir, à ses «amis de l'orchestre» et au public: on allait avoir droit à toute une soirée. Promesse tenue, et devant une salle comble.

On ne va pas à un concert de pop symphonique dans le même état d'esprit qu'on écoute Mahler. Une fois cette prémisse acceptée, on peut avoir du bon temps et se laisser aller. Difficile, d'ailleurs, de résister.

Ce qui frappe le plus chez Hervieux, c'est le contact privilégié qu'il sait établir avec le public. La salle a beau être immense et les spectateurs nombreux, on a l'impression d'être tout près de lui alors qu'il parle de sa jeunesse ou de sa famille pour introduire ses chansons, dont aucune n'a été choisie au hasard. Elles sont toutes entourées d'une petite anecdote bien amenée.

Le répertoire est varié, allant de La Bolduc à l'opéra en passant par Broadway, sans pour autant qu'on se sente dépaysé, tant notre guide est chaleureux dans ce voyage musical. Le courant passe et les spectateurs - dont la moyenne d'âge doit tourner autour de soixante ans - se laissent entraîner, convaincre, même, de se lever debout pour danser en tapant des mains, le temps de deux chansons.

On rit aux éclats quand il décrit les électroménagers aux couleurs criardes dans la cuisine de son enfance, on est ému quand il évoque le souvenir d'un père parti trop tôt. Aucune blague ne tombe à plat, sans parler de ses désopilantes imitations d'Éric Lapointe ou de Ginette Reno.

Le son

L'équilibre sonore est une question épineuse quand on décide de mélanger un orchestre symphonique avec un ténor qui chante du pop au micro dans une salle comme Wilfrid-Pelletier. Il faut faire des compromis.

Le son de l'OSM, en étant amplifié - c'était inévitable - prenait une teinte un peu dure, voire métallique, qui a pu déranger ceux qui sont habitués à sa sonorité naturelle. De plus, on n'entendait absolument pas les cordes, ni même l'orchestre en entier, à vrai dire, pendant quelques chansons, tant la voix du chanteur, au micro, était forte, même si les musiciens faisaient tout leur possible.

Relégué au second plan dans It's not unusual de Tom Jones ou le succès country Mille après mille, l'OSM a toutefois repris sa place dans les pièces plus lyriques grâce à l'orchestration inventive de Simon Leclerc. Ce dernier a été exigeant envers les cuivres, ce qui a donné lieu à de brillants passages, notamment dans Le blues du businessman. Du point de vue orchestral, on a surtout apprécié La quête, de Jacques Brel, et Les femmes de ma vie, pièce tirée de l'album pop du chanteur.

Le rappel était un hommage à Ginette Reno, alors que le ténor a interprété son grand succès Je ne suis qu'une chanson. Comme la chanteuse en avait l'habitude, il l'a terminée a cappella devant un auditoire d'un silence exemplaire, qui n'attendait que la dernière note pour lui servir une ovation explosive.