Que faisiez-vous hier soir? Si vous n'étiez pas au milieu du parterre bondé du Métropolis, désolé de vous dire que vous avez manqué quelque chose.

C'est un spectacle électrisant que Misteur Valaire a donné pour sa «rentrée montréalaise», hier soir. Comme le groupe d'origine sherbrookoise rentrait à peine de la France, il y avait une fébrilité dans l'air du Métropolis plein à craquer.

Surtout que la rumeur qui circulait avant le spectacle s'est confirmée: James Di Salvio et Liquid de Bran Van 3000 - qui sortait leur nouvel album avant-hier - ont fait le saut sur la scène pour Ave Mucho. Ce que ça criait dans la salle de la rue Sainte-Catherine quand ils ont enlevé la cagoule qui cachait leur visage.

En grande forme et de bonne humeur, Di Salvio avait le feu aux fesses. Le spectacle était commencé depuis seulement trois chansons, mais le party était déjà bien levé.

Les invités qui ont collaboré au troisième et dernier disque de Misteur Valaire, Golden Bombay, étaient là le temps de «leur» chanson: Béni BBQ au tout début du spectacle pour Gumshoe, la belle Fanny Bloom de La Patère rose pour November Number 3, Senja Sargeant pour Mama Donte, et Giselle Webber - alias Gigi French - pour Mojo Ego.

Nous n'étions pas au spectacle de Misteur Valaire lors du lancement de Golden Bombay au Club Soda, en mai dernier. Pour ceux qui y étaient, la mise en scène signée Brigitte Poupart, les projections, les chorégraphies et les décors n'étaient pas une surprise hier soir.

Pour les autres, c'était impressionnant. De par le fait que Jonathan Drouin (saxophone, clavier), Thomas Hébert (trompette, clavier), et parfois Julien Harbec (batterie, tables tournantes) soient sur une plate-forme perchée en haut d'un escalier blanc, devant des écrans géants. Mais aussi parce qu'avec leur complices Louis-Pierre B. Phaneuf (percussions) et François-Simon Déziel (basse), ils offrent bien plus qu'un spectacle musical: ils dansent et exécutent de petits numéros comme s'ils étaient dans une sorte de comédie musicale déjantée, dans un univers parfois rétro, parfois très urbain. Dans une même chorégraphie entre deux chansons, les membres de Misteur Valaire peuvent jouer les danseurs russes comme les Backstreet Boys, devant des images de femmes en patins à roulettes comme de personnages de film asiatiques.

Le spectacle de Misteur Valaire est à la fois une performance sportive, dansante et théâtrale, un set de DJ et un spectacle hip-hop, funk, jazz ou encore électro-rock. Il y a en pour les yeux autant qu'il y en a pour les oreilles. Hier soir, le rappel n'était pas à la hauteur du reste, mais en général, il y avait peu de temps mort et Misteur Valaire maintenait une dose très forte d'énergie sur scène. Disons que ce n'est pas le genre de spectacle que l'on peut faire à répétition avec une gueule de bois.

Si, sur disque, la musique de Misteur Valaire évoque ici et là des références (Ratatat, Bran Van 3000, RJD2, Chromeo), le groupe - formé de musiciens aguerris qui se connaissent depuis l'école primaire - est unique en son genre en spectacle.

Sa façon de faire les affaires est également avant-gardiste: Golden Bombay est offert en téléchargement légal su le site du groupe en échange d'une contribution volontaire. Son prédécesseur, Friterday Night, était tout simplement offert gratuitement.

Misteur Valaire fait très souvent appel à ses fans, que ce soit pour remixer ses chansons pour une application iPhone ou pour filmer le spectacle d'hier soir pour en faire un montage.

Bravo pour cette nouvelle façon de faire les choses. Mais ce n'est pas que le contenant qui est rafraîchissant. Le contenu musical aussi. Et encore plus live que sur CD ou en MP3. Surtout avec les chansons plus accrocheuses de Golden Bombay.

Le gérant de Misteur Valaire nous avait avertis: «l'expérience ultime, c'est le spectacle»

Il avait bien raison.