Les débuts à Montréal de l'altiste français Antoine Tamestit comptaient parmi les événements attendus de la saison musicale. Après un premier arrêt l'été dernier au Domaine Forget, le visiteur de 33 ans avait valu au LMMC une salle pleine.

Il séduit d'abord et surtout par la sonorité qu'il tire de son Stradivarius de 1672, égale sur tout l'ambitus et exceptionnellement timbrée au grave. Il reste tout aussi convaincant au niveau de la technique et du sérieux de l'approche musicale. Le programme ne suscite pas le même enthousiasme, mais, dans ce cas, le mince répertoire de l'alto est en cause.

Les deux Sonates op. 120 de Brahms furent conçues pour la clarinette et leur transposition à l'alto est insatisfaisante. Même chose pour ces imprécises évocations de contes de fées que sont les Märchenbilder de Schumann. La mélancolie dont parle le compositeur est cependant bien rendue par les deux coéquipiers; on déplore simplement le jeu parfois brutal du pianiste.

La pièce de résistance du programme était, bien sûr, la Sonate op. 147 de Chostakovitch. Oeuvre ultime du compositeur, qui la termina un mois avant sa mort, elle est à la fois angoissée («sul ponticello» en trémolos, pédale finale d'alto sur onze mesures) et d'une caricature facile (échos de Beethoven et de Stravinsky). Cette musique bizarre suscite des questions concernant l'état d'esprit où se trouvait alors le compositeur. Chose certaine, cela ne compte pas parmi ses oeuvres majeures, malgré toute l'application de M. Tamestit et de son pianiste.

L'altiste annonça un rappel: de Chostakovitch encore, un Nocturne qu'il n'identifia pas davantage.

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ANTOINE TAMESTIT, altiste, et MARKUS HADULLA, pianiste.

Dimanche après-midi, Pollack Hall de l'Université McGill.

Présentation : Ladies' Morning Musical Club.

Programme:

Sonate en mi bémol majeur, op. 120 no 2 (1894) - Brahms

Märchenbilder, op. 113 (1851) - Schumann

Sonate op. 147 (1975) - Chostakovitch