Les amateurs d'indie pop reconnaissaient déjà le génie du jeune auteur-compositeur-interprète américain Sufjan Stevens.

Cette fois, il allie l'audace à sa brillante plume sur The Age of Adz, son premier album chanson (excluant donc le baroque et multimédia The BQE) depuis le classique Illinois (2005). Au folk-pop précieusement enrobé de guitares et de cuivres d'antan, Stevens préfère aujourd'hui des arrangements électroniques et choraux, qui prennent presque toute la place (au point de frôler l'excès) sur cet ambitieux et abrasif album de 75 minutes. La facture est franchement étonnante, on se risque à la comparer au travail de Björk, époque Post/Homogenic, avec moult sons claviers des années 90 et breakbeats sur de touchantes mélodies qui rendent l'ensemble accessible, mais néanmoins fragile, comme si un simple faux pas aurait pu faire chavirer l'ensemble.

En équilibre précaire entre le folk, l'art rock, la chanson électronique et référence classiques (Philip Glass sur Too Much, pour sauter à l'évidence), Stevens fait le pari de la cohérence avec cette oeuvre hallucinée qui se termine par l'épique et torturée Impossible Soul, une chanson composite (avec du r & b et de l'autotune!) d'une durée de 25 minutes. Exigeant mais nourrissant.

POP

SUFJAN STEVENS

The Age of Adz

****

Asthmatic Kitty