Réfléchi, frondeur et pugnace, aux limites de la provocation. Comme lors de son très bon premier disque, Voix de fait, Manu Militari évite la fadeur ou le nombrilisme. Son sens de la rime lapidaire, il l'utilise pour parler d'autres choses que de lui. Par exemple, dans Ryan, il raconte l'histoire d'un mécano de l'armée américaine coincé en Irak.

Il rappe aussi sur les lignes qui s'allongent devant un Insta-chèques à la fin du mois (Le premier), sur la désolation d'un bar de danseuses à moitié vide (Le bureau) et sur le suicide. Ses chroniques urbaines complètent les trous de l'histoire en parlant de ceux qui vivent leur petit quotidien dans le silence.

Malheureusement, il y a une poignée de rimes faciles et à oublier, comme celle où il se compare à la bombe de Bali... Côté musique, comme dans Voix de fait, on entend des échantillonnages de musique arabe. Les beats sont toutefois un peu moins variés. Sa prosodie (son flow) reste monochrome et peu musicale, mais après quelques écoutes, ça devient une qualité. Car la voix convient parfaitement aux textes. Lucide et glacial, dans les deux cas.

À écouter: Crime d'honneur

HIP-HOP

MANU MILITARI

CRIME D'HONNEUR

*** 1/2

DISQUES HLM/DEP