Shakira a cassé la baraque avec BRZ Music Sessions, vol. 53 où elle exorcisait sa séparation hautement médiatisée, mais son « album de rupture » s’égare dans les lieux communs musicaux.

Il y a un peu plus de 20 ans, quand le monde non hispanophone a découvert Shakira, elle venait de se teindre en blonde, mais possédait encore cette voix distinctive qu’elle façonnait depuis l’adolescence. Ses roulements de hanches n’ont jamais nui à sa carrière, mais c’est d’abord sa voix, ses mots et son ton frondeur qui en ont fait la star qu’elle est devenue.

Deux décennies et des poussières plus tard, la jeune chanteuse libano-colombienne est devenue une icône internationale et une femme de 47 ans qui a vécu une rupture hautement médiatisée avec une autre personnalité publique. Une brisure d’ailleurs évoquée dans plusieurs morceaux de Las Mujeres Ya No Lloran (Les femmes ne pleurent plus). En chemin, Shakira s’est toutefois fondue dans le moule.

Une grande partie de ce disque se contente en effet d’offrir l’ordinaire de ce qu’est la pop latine/américaine d’aujourd’hui, c’est-à-dire une musique axée sur le rythme avec peu de mélodies et faite de passages obligés par l’afrobeat actuel, le reggaeton, le EDM et cet insupportable usage de l’autotune qui uniformise les voix de tout le monde. Ici, ce logiciel de correction vocale aplatit celle pourtant si distinctive de Shakira.

La tornade blonde a beau se démener en multipliant les pointes envers son ex, en exposant son cœur brisé et en affichant sa force de caractère, il reste que l’essentiel de l’album se fond dans un magma de déjà entendu. Sa liste d’invités, de Cardi B à Rauw Alejandro en passant par Karol G, ne fait rien pour arranger les choses.

Elle retrouve toutefois sa voix sur (Entre Parentesis), chanson avec des accents cumbia en collaboration avec Grupo Frontera. Elle renoue avec ses sonorités plus rock des années 90 sur Como Donde y Cuando. Elle offre aussi une belle ballade au piano, Ultima, où sa voix prend une allure grave et ronde évoquant celle de Natalia Lafourcade. Avec El Jefe, ces chansons font partie des rares qu’on a envie de sauver d’un disque autrement beaucoup trop formaté.

Extrait de (Entre Parentesis)

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Las Mujeres Ya No Lloran

Pop latine

Las Mujeres Ya No Lloran

Shakira

Ace Entertainment/Sony

5/10