Le spectacle de lancement du producteur montréalais Apashe, au lendemain de la sortie de son second album, a été un triomphe. La Presse a passé l’après-midi au MTelus pour assister à la longue préparation de ce concert d’envergure.

Dans le MTelus bondé, la sueur perle sur le front des spectateurs qui dansent et sautent au rythme impétueux de la musique. L’ambiance est survoltée, l’air est électrique, les murs et le plancher vibrent sous le poids des basses. Sur scène, ce samedi soir-là : le producteur Apashe. Entouré d’un orchestre de cuivres, le Québécois d’origine belge alterne entre ses compositions et quelques séquences de DJ set où il fait jouer des airs populaires arrangés à sa manière.

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Apashe au MTelus

Près de deux heures durant, jusqu’à presque minuit, l’extase ne se dissipe jamais. Nous avions rarement vu cette salle à ce point remplie de cette énergie euphorique. « Je ne réalise pas vraiment tout ce qui m’arrive, je ne réalise pas la chance que j’ai, nous a confié Apashe, quelques instants avant de monter sur scène. Je n’ai pas encore très bien défini le sentiment en moi. Tout ce que je sais, c’est que c’est incroyable. »

Apashe (John de Buck, de son vrai nom) a fait paraître le vendredi précédent son deuxième album, Antagonist, un objet de tous les possibles qui ne sonne comme rien d’autre, entre la musique classique, la pop et l’électro. Le lendemain, l’album a pris vie au MTelus de la plus belle des manières.

  • Quelques heures avant le spectacle, en milieu d’après-midi, le MTelus est presque vide. Une vingtaine de personnes occupent les loges au sous-sol et la salle encore déserte, où près de 3000 personnes s’entasseront bientôt. On installe le spectacle à venir. La production de ce concert est ambitieuse et la salle de la rue Sainte-Catherine doit être aménagée de sorte à pouvoir accueillir l’imposante mise en scène.

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    Quelques heures avant le spectacle, en milieu d’après-midi, le MTelus est presque vide. Une vingtaine de personnes occupent les loges au sous-sol et la salle encore déserte, où près de 3000 personnes s’entasseront bientôt. On installe le spectacle à venir. La production de ce concert est ambitieuse et la salle de la rue Sainte-Catherine doit être aménagée de sorte à pouvoir accueillir l’imposante mise en scène.

  • Samuel Thifault, directeur de tournée d’Apashe, nous fait faire un tour des lieux. Ici, on a les immenses écrans qui projetteront des images cinématographiques pendant toute la durée du spectacle. Là, on a la zone d’où sortiront les jets de flammes. « C’est moi qui les contrôle, nous explique Sam. J’ai 60 secondes que je vais pouvoir utiliser au long du show. »

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    Samuel Thifault, directeur de tournée d’Apashe, nous fait faire un tour des lieux. Ici, on a les immenses écrans qui projetteront des images cinématographiques pendant toute la durée du spectacle. Là, on a la zone d’où sortiront les jets de flammes. « C’est moi qui les contrôle, nous explique Sam. J’ai 60 secondes que je vais pouvoir utiliser au long du show. »

  • De ce côté, les musiciens de la section de cuivres s’installeront pour accompagner Apashe, qui se tiendra là, sur une plateforme surplombant la scène et le public. Tout est calculé, on ne laisse rien au hasard. Le spectacle est sur la route depuis un mois et demi déjà, tout le monde est habitué à le présenter, mais chacun prend très au sérieux les préparatifs avant ce grand spectacle montréalais.

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    De ce côté, les musiciens de la section de cuivres s’installeront pour accompagner Apashe, qui se tiendra là, sur une plateforme surplombant la scène et le public. Tout est calculé, on ne laisse rien au hasard. Le spectacle est sur la route depuis un mois et demi déjà, tout le monde est habitué à le présenter, mais chacun prend très au sérieux les préparatifs avant ce grand spectacle montréalais.

  • Quelque sept heures avant la montée sur scène d’Apashe, ça s’agite déjà énormément dans les coulisses. Les membres de l’orchestre sont tous là, on entend des sons de trombone derrière une porte, une des musiciennes assemble son instrument, certains prennent une bouchée, tandis que d’autres discutent gaiement. L’humeur est excellente. « On vit tous dans un bus de tournée depuis un mois et demi, c’est vraiment le fun, c’est comme une famille », lance John.

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    Quelque sept heures avant la montée sur scène d’Apashe, ça s’agite déjà énormément dans les coulisses. Les membres de l’orchestre sont tous là, on entend des sons de trombone derrière une porte, une des musiciennes assemble son instrument, certains prennent une bouchée, tandis que d’autres discutent gaiement. L’humeur est excellente. « On vit tous dans un bus de tournée depuis un mois et demi, c’est vraiment le fun, c’est comme une famille », lance John.

  • Geoffroy, qui montera sur scène pour chanter sur ses morceaux en collaboration avec Apashe, est déjà sur place. Un peu plus tard, la chanteuse KROY (notre photo) arrive à son tour, puis le rappeur Wasiu. Chaque artiste monte avec Apashe sur scène pour les répétitions, l’un après l’autre. Parce qu’il y a autant de monde sur scène, on doit s’assurer que chacun connaît bien son rôle. Renaud Lussier donne des indications pour s’assurer que le son arrive au public à la perfection. Au même moment, aux éclairages, Benoît Gromko teste ses effets de lumière. Souvent, John descend de scène et voit la configuration du point de vue du public. Il ne fait pas de commentaires. Peu bavard, posé, il semble s’attarder à tous les détails.

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    Geoffroy, qui montera sur scène pour chanter sur ses morceaux en collaboration avec Apashe, est déjà sur place. Un peu plus tard, la chanteuse KROY (notre photo) arrive à son tour, puis le rappeur Wasiu. Chaque artiste monte avec Apashe sur scène pour les répétitions, l’un après l’autre. Parce qu’il y a autant de monde sur scène, on doit s’assurer que chacun connaît bien son rôle. Renaud Lussier donne des indications pour s’assurer que le son arrive au public à la perfection. Au même moment, aux éclairages, Benoît Gromko teste ses effets de lumière. Souvent, John descend de scène et voit la configuration du point de vue du public. Il ne fait pas de commentaires. Peu bavard, posé, il semble s’attarder à tous les détails.

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Rien n’est laissé au hasard… ou presque. Apashe nous explique qu’il aime garder dans sa performance une touche d’improvisation, pour y aller selon l’humeur, la sienne et celle de la foule. Pour un spectacle où il est entouré de musiciens, il est impératif que son apport à la performance soit bien préparé d’avance et millimétré.

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Apashe

Ça dépend toujours du contexte du show, mais pour celui-ci, vu qu’on est en hybride, je fais jouer plein de petites séquences que j’assemble.

Apashe

Ainsi, ses stems (soit les éléments séparés qui forment une production) sont tous découpés d’avance et il peut ensuite « envoyer les différentes séquences » pendant la performance. La préparation est l’élément le plus important. « Il faut s’arrimer aux musiciens, mais aussi à la lumière et aux vidéos. » S’il lui arrive de donner des performances où il joue avec les pièces pour créer un moment chaque fois unique, la marge de manœuvre est moins grande ici. « Je ne peux pas changer la production en live comme je le fais parfois, explique-t-il. Mais je me garde du jeu, je peux jouer une track ou une autre selon le moment, avec la même structure, pour amener une légère variation. Eux peuvent jouer la même chose, mais moi, je peux y trouver un petit plaisir, vu que tout le reste est pas mal figé. »

L’album Antagonist est percutant et lourd. Il fait vibrer les tympans et danser sans retenue. Celui qui a accumulé plus d’un milliard d’écoutes sur les plateformes de musique en continu sort un disque qui a déjà une dizaine de millions d’écoutes sur Spotify en quelques jours seulement, sur lequel collaborent notamment Busta Rhymes, le pianiste Sofiane Pamart, le Montréalais Geoffroy, EarthGang (sur une pièce coproduite par High Klassified), Rhita Nattah, Wasiu et LIA.

J’aime créer des univers avec les vocalistes. Je travaille avec des gens qui me sont un peu complémentaires, qui offrent quelque chose que je ne pourrais jamais offrir. Je veux mettre leur registre en valeur et qu’on puisse joindre nos forces, pas juste qu’ils mettent leurs voix sur les productions. C’est ce qui m’inspire.

Apashe

  • « Quand je fais des shows en tournée, je m’en fous un peu, du jugement. Je fais mes trucs et c’est cool parce que ça marche et les gens apprécient. Mais ici, je suis devant les gens avec lesquels j’ai grandi depuis les 12 ans que je suis [au Québec]. C’est un peu angoissant. » Pour ce moment à Montréal, à la maison, « il fallait que ce soit spécial », ajoute-t-il.

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    « Quand je fais des shows en tournée, je m’en fous un peu, du jugement. Je fais mes trucs et c’est cool parce que ça marche et les gens apprécient. Mais ici, je suis devant les gens avec lesquels j’ai grandi depuis les 12 ans que je suis [au Québec]. C’est un peu angoissant. » Pour ce moment à Montréal, à la maison, « il fallait que ce soit spécial », ajoute-t-il.

  • Pour la performance à la maison, on ne s’impose pas de limites. On a même ajouté des cuivres, en fait, révèle Sam Thiffaut. « À Osheaga [en 2022], on avait fait le test avec les cuivres et ça a vraiment bien fonctionné, lance Apashe. Depuis, on avance et on peaufine. Pour moi, c’est super important d’avoir des musiciens live, parce que ma musique a été enregistrée avec des musiciens live, même si c’est de la musique électronique. Il est toujours question d’amener plus de musiciens, mais les cuivres fonctionnent toujours parce que c’est très intense, plus agressif, ce sont des instruments percutants. »

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    Pour la performance à la maison, on ne s’impose pas de limites. On a même ajouté des cuivres, en fait, révèle Sam Thiffaut. « À Osheaga [en 2022], on avait fait le test avec les cuivres et ça a vraiment bien fonctionné, lance Apashe. Depuis, on avance et on peaufine. Pour moi, c’est super important d’avoir des musiciens live, parce que ma musique a été enregistrée avec des musiciens live, même si c’est de la musique électronique. Il est toujours question d’amener plus de musiciens, mais les cuivres fonctionnent toujours parce que c’est très intense, plus agressif, ce sont des instruments percutants. »

  • « On a tout le show ici, la production est à son maximum », dit Sam Thiffaut. Avant d’arriver à Montréal, devant son public, Apashe s’est lancé dans une tournée nord-américaine où il a joué dans de grandes salles (près de 4000 personnes à Denver, par exemple) ainsi que dans des plus petites, pour lesquelles il a fallu s’adapter à la baisse.

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    « On a tout le show ici, la production est à son maximum », dit Sam Thiffaut. Avant d’arriver à Montréal, devant son public, Apashe s’est lancé dans une tournée nord-américaine où il a joué dans de grandes salles (près de 4000 personnes à Denver, par exemple) ainsi que dans des plus petites, pour lesquelles il a fallu s’adapter à la baisse.

  • Au Webster Hall de New York, moins de deux semaines plus tôt, Apashe a livré un spectacle à guichets fermés. Un moment exceptionnel pour cet artiste qui n’a pas eu la même facilité que d’autres à se faire connaître. Pas par défaut de qualité. Mais plutôt en raison de l’unicité de son offre. Pour le placer en première partie d’un artiste, il faut trouver des affinités musicales. Pour le faire découvrir, il faut pouvoir le présenter. La musique d’Apashe n’est ni du dubstep ni de la house ni du drum and bass. « Personne ne fait ce qu’il fait », nous dit son agent, Marc-André Chagnon.

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    Au Webster Hall de New York, moins de deux semaines plus tôt, Apashe a livré un spectacle à guichets fermés. Un moment exceptionnel pour cet artiste qui n’a pas eu la même facilité que d’autres à se faire connaître. Pas par défaut de qualité. Mais plutôt en raison de l’unicité de son offre. Pour le placer en première partie d’un artiste, il faut trouver des affinités musicales. Pour le faire découvrir, il faut pouvoir le présenter. La musique d’Apashe n’est ni du dubstep ni de la house ni du drum and bass. « Personne ne fait ce qu’il fait », nous dit son agent, Marc-André Chagnon.

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Les influences classiques, toujours aussi fortes dans son œuvre, sont rendues par les orchestres philharmonique de Prague et symphonique bulgare. Et si l’écoute du disque nous ravit, rien ne vaut d’entendre ces pièces en concert…

Extrait de Renaissance Live

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Samedi soir, 22 h. Le contraste entre le froid à l’extérieur et la chaleur intense entre les murs du MTelus est frappant. Le public est réchauffé. On y est enfin, après tous ces préparatifs : le spectacle commence. Après les premières parties assurées par YMIR et Wasiu, le moment que tous attendaient survient. Ça s’entend, la foule est en liesse dès les premiers instants.

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Apashe au MTelus

Du haut de sa plateforme, Apashe exsude toujours la force tranquille que l’on a perçue en lui plus tôt dans la journée. Mais le producteur est aussi pris d’une énergie folle qui se rend jusqu’à la foule et que le public lui renvoie. Les envolées musicales donnent des décharges électriques au public, qui se déchaîne à chaque drop.

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Apashe au MTelus

Avant le spectacle, alors qu’il cherchait à décrire toutes les émotions qui l’habitent, John nous avait dit qu’il s’attendait à réaliser ce qui lui est arrivé quelques jours seulement après le spectacle. « Avoir des milliers de personnes devant toi en show, ce n’est pas normal, ce n’est pas la réalité, dit-il. C’est comme être sur nuage, dans un rêve. Je le vis et je vais comprendre plus tard. »

Consultez le site d’Apashe (en anglais)