Dans Entre le meilleur et le pire, un artiste revisite, une chanson à la fois, les sommets et les vallées de son œuvre. Le chanteur Simon Proulx (SP) et le batteur Charles Dubreuil (CD), des Trois Accords, se sont prêtés à l’exercice, sans avoir mal aux cuisses.

Votre chanson la plus incomprise

SP : L’idée que St-Cyrille-de-Wendover et Youri [sur Grand Champion international de course, 2004] sont liées parce qu’il y a quelqu’un qui fait de la luge et qui reçoit une plaque sur la tête dans les deux chansons, c’est un truc conceptuel qui n’a jamais été compris. Souvent, quand j’écrivais avec Olivier [Benoit, deuxième chanteur jusqu’en 2009], on se disait « Ça va être débile » et personne comprenait. On avait une conception très cérébrale de ce qu’on faisait.

CD : À partir de l’album Dans mon corps [2009], il fallait tout le temps que Simon explique le texte à Gus [van Go, réalisateur], et comme le français n’est pas sa première langue, ça a nécessité une plus grande clarté.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Les Trois Accords en juillet 2004

La chanson qui a le plus changé la perception du public

CD : Arriver avec une toune comme Le bureau du médecin [2009], où la distance entre le texte et l’émotion est si petite, ça a assurément changé la vision des gens, mais aussi la vision qu’on pouvait avoir de la latitude dont on disposait sur le plan créatif.

SP : Je me souviens de l’avoir jouée à Olivier et de ne pas être sûr que c’était une chanson des Trois Accords, parce que même si on avait touché à des éléments plus émotifs avec Mégaphotocopie [2004], il y avait toujours une dimension absurde.

CD : Durant la promo de Dans mon corps, on a commencé à être plus honnêtes sur le fait qu’on travaillait sur les chansons. Avant, on déconnait toujours en entrevue en disant qu’on faisait tout sur un coin de table et on s’est rendu compte que les gens nous croyaient.

La chanson qui vous fait le plus rire

SP : Pièce de viande [2004]. Expliquer pourquoi c’est vraiment une bonne idée d’appeler ton enfant Pièce de viande, ça me procure beaucoup de plaisir.

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CD : Quand on enregistrait Dans mon corps, j’avais déjà hâte d’être dans un festival de truckers en Abitibi et de les voir chanter la toune. Et Dans mon corps a également quelque chose qui frôle le touchant. Parce qu’il y a aussi des filles de 15, 16 ans qui s’y identifient complètement.

SP : Mais les truckers s’identifient peut-être aussi au propos. Peut-être qu’ils ont déjà senti ça dans la vie. On vit tous des changements dans nos corps. On passe tous par là.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Parr, Charles Dubreuil, Simon Proulx et Pierre-Luc Boisvert en août 2012

La chanson qui vous émeut le plus

CD : Pâté chinois [2022], c’est une toune qui a fessé fort. En studio, Simon n’était pas capable de nous la jouer. Je me souviens de juste essayer d’expliquer à ma blonde de quoi la toune parle et de ne pas y arriver, parce que j’étais trop émotif.

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Un de vos plus beaux souvenirs de festival

SP : La première fois qu’on a fait Woodstock en Beauce, on avait été engagés avant que ça lève et on nous avait programmés dans la tente Découvertes, puis Hawaiienne avait décollé entre-temps. La tente était pleine, et il y avait du monde à perte de vue de tous les côtés. Il faisait chaud, il y avait de la bouette et on avait le sentiment que tout venait de péter.

Votre meilleur solo de guitare

CD : Pendant des mois, Alex [Alexandre Parr] avait monté un solo écœurant pour Dans mon corps, dont il était super fier. Une fois arrivé en studio, il le joue pour Gus, qui lui répond dans le talk back : “Peux-tu juste repiquer la mélodie vocale, s’il vous plaît ?” Alex était en criss, mais il l’a essayé, et Gus a juste dit : “C’est parfait, on garde ça.” Ç’a été une bonne leçon pour Alex, PL [Pierre-Luc Boisvert, basse] et moi : l’objectif, quand on joue, ce n’est pas de flatter notre ego et d’aboutir dans le magazine Guitar World ou Modern Drummer. L’objectif, c’est de servir la toune.

La phrase tirée d’une de vos chansons qui vous représente le mieux

CD : [Dans Les dauphins et les licornes, 2015] « Que si ensemble les narvales et les chevaux/faisaient des licornes en s’accouplant/on pouvait toujours faire quelque chose de beau/avec les amours différents. » L’idée de faire quelque chose de beau avec quelque chose de différent, c’est un peu le credo du band.

La chanson que vous aimeriez corriger

SP : On mettrait « les amours différents » au féminin. Amour, au pluriel, c’est féminin. C’est une erreur de débutant.

Votre reprise préférée d’une de vos chansons

SP : L’an passé, Dumas a filmé dans un festival deux gars de 15-16 ans, un au piano, l’autre à la basse, qui jouaient Corinne. Ça, c’est ma reprise préférée.

La chanson que vous n’en pouvez plus de jouer

SP : On se fait souvent demander si on est tannés de jouer Hawaiienne, mais non. Elle me procure encore le même sentiment de faire quelque chose d’irrévérencieux que lorsqu’on a commencé. Ça me satisfait toujours autant de chanter « J’aurais voulu que tu sois hawaïenne ». J’en reviens juste pas de la joke.

Au Festival d’été de Québec ce lundi 10 juillet et au festival Juste pour rire le 29 juillet

Le Festival de la poutine se déroule à Drummondville du 24 au 26 août.

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