La diva brésilienne envoûte et séduit un public qu’elle retrouve depuis sa dernière visite au festival, en 1997. Vingt-six ans d’attente qui en ont valu la peine.

Son nouveau spectacle, présenté pour la première fois au Canada, nous a saoulé d’airs connus et de quelques-unes des 16 courtes chansons de Portas, son album paru en 2021. Avec ses huit musiciens témoins de l’apogée de la chanteuse, on a plané très haut dans les sphères de la béatitude et de l’allégresse !

Pelo tempo que durar (Tant que ça dure) amorce le récital, elle, avec ses petites guitares et ses gestuelles des bras qui vont et qui viennent, l’artiste établit une communion inouïe avec son public, affamé de la revoir en chair et en os. Marisa de Azeve do Monte est aussi connue au Brésil que Diane Dufresne chez nous.

Elle est déjà sur scène lorsque le rideau est tiré vers le haut, vêtue d’une longue robe noire et coiffée d’une scintillante couronne sur sa chevelure noire aussi, comme du jais, et un sourire grand comme la baie de Rio. Deux assistants de scène viendront lui changer ses robes, une blanche puis une aux motifs des années 1920.

Une distribution de rêve avec elle, que la crème des musiciens qui sont tous des compositeurs, dont certains ont frayé avec les figures emblématiques du Brésil, Dadi le premier, qui a écrit pour Caetano Veloso, qu’elle présente longuement, nous défile ses hauts faits d’armes. Le bassiste n’a pas besoin de sortir du pays de Neymar pour étendre sa renommée. Et il est là !

Pretinho da Serrinha est d’office aux indispensables percussions et joue du cavaquinho, petite guitare idéale pour jouer la samba.

Chico Brown, oui, oui, le fils de l’illustre Carlinhos Brown qui fit le Grand évènement du Festival de jazz en 2007 (à l’époque où il n’y avait qu’un seul Grand évènement) et petit-fils de Chico Buarque, rien de moins, reste assis avec sa guitare acoustique. Il est le principal partenaire d’écriture de la compositrice, qui, incidemment, est propriétaire de son catalogue de chansons, ses éditions, en plus de gérer tous les aspects de sa carrière. Elle voit à tout !

Une petite brigade de trois cuivres vient donner tout le punch aux propositions gavées de soul et parfois aux allures de musique de cabaret, toujours avec ce fil conducteur samba. Parfois, on dirait même une Françoise Hardy brésilienne, c’est subtil, riche, caressant, les univers singuliers de la musique brésilienne ont bien fait de nous transporter.

On évoque Maria Bethânia, Gal Costa, disparue l’an passé, Elis Regina et d’autres génies tels Gilberto Gil, Caetano Veloso, Vinicius de Moraes et Buarque, les grandes écoles, de Salvador de Bahia au son de Rio, on a pris notre pied !

Trop chaud

On suffoquait littéralement mardi soir dernier au Théâtre Maisonneuve pour le retour tant espéré de l’inspirante poétesse brésilienne. Pas d’air climatisé dans la salle, dans l’entrée au niveau inférieur, oui. On suait à grosses gouttes, nombre de spectateurs avaient leurs éventails en activité, quelqu’un au milieu du parterre a été pris d’un malaise, le spectacle a été interrompu pendant au moins 20 minutes, les lumières rallumées dans la salle, anticlimax total. À mi-chemin du concert.

Aucun membre du personnel n’est venu assister la personne !

Laissés à eux-mêmes, les spectateurs autour réclamaient de l’aide, ça hurlait. Plein de monde debout sur les deux balcons comme au parterre, inquiets. Finalement arrivent quatre types pas pressés sont arrivés. La personne s’est effondrée de nouveau en sortant de sa rangée et est demeurée sur les côtés. Marisa Monte et son groupe sont restés incrédules devant la situation.

Pendant ce temps, des admiratrices se sont ruées au pied de la scène tandis que le concert était interrompu pour se faire prendre en selfie avec la diva, aucunement concernées par ce qui se passait. C’était surréaliste.

Bref, on espère que ça s’est mieux passé hier soir. Marisa Monte a rempli ses deux salles, fréquentées il va sans dire par un très fort contingent de Portugais et de Brésiliens venus à la rencontre de leur étoile. Et qui ont chanté, chanté et encore chanté avec elle chaque mot de ses évanescentes chansons. On en avait les larmes aux yeux. Le raz-de-marée d’amour envers la fille de Rio de Janeiro qui vient tout juste d’avoir 56 ans était triomphal.

Obrigado, Marisa !