Mercredi soir dernier, les jeunes de 18 à 24 ans étaient largement majoritaires dans la foule venue entendre le chanteur britannique James Bay au CEPSUM. Avec 5000 jeunes qui faisaient la file le long du campus de l'Université de Montréal, la soirée avait une ambiance de rentrée universitaire.

Si Caroline Desroches et Rachel Montigny étudient respectivement en relations industrielles et en psychologie à l'Université de Montréal, leur présence se justifiait surtout par leur grande admiration de James Bay, qu'elles ont aussi vu au festival Osheaga l'été dernier.

«Nous allons voir des shows régulièrement», dit la première. «Half Moon Run, Louis-Jean-Cormier, X-Ambassadors et Imagine Dragons», détaille la seconde.

Caroline achète des albums sur iTunes alors que Rachel profite du service d'écoute en ligne Spotify gratuitement avec son forfait cellulaire.

Dépenser plus de 50 $ pour un billet de spectacle de James Bay? «C'est bien investi», lance Rachel.

HMV désert

Pour l'avenir de l'industrie de la musique, il était plutôt encourageant d'être parmi la foule du spectacle de James Bay. Rien à voir avec notre visite au HMV du centre-ville de Montréal, il y a une semaine.

Le magasin était désert. Aller acheter des disques semblait davantage une activité de touristes français que d'étudiants montréalais qui célèbrent l'arrivée du week-end.

Fanta Diarra rôdait dans les allées avec un DVD au rabais du film romantique The Notebook. Or, cette fan d'Ariana Grande et de Lady Gaga nous a dit acheter peu de DVD de films et de disques.

Comme 80 % des répondants de notre sondage, la jeune femme écoute beaucoup de musique sur des chaînes en ligne, principalement gratuitement sur YouTube. Les services de diffusion en continu, qui donnent accès à un vaste catalogue musical pour une dizaine de dollars par mois, ont aussi la cote auprès des jeunes.

Au magasin Archambault, un peu plus à l'est rue Sainte-Catherine, il nous a fallu une bonne quinzaine de minutes avant de trouver un jeune de 18 à 24 ans. Julianne Di Blasio fouinait dans une rangée de livres, à quelques mètres du mur comprenant les accessoires de cuisine de Ricardo.

«En fait, j'attends une amie, mais, comme j'aime lire, je l'attends ici», a précisé l'étudiante de 17 ans.

La jeune femme bilingue de Laval, qui a fait ses études secondaires en français, lit surtout en anglais. «J'écoute peu de musique québécoise et j'écoute beaucoup Netflix», indique-t-elle.

Fanta Diarra et elle confirment les résultats du sondage CROP selon lequel les jeunes de moins de 35 ans préfèrent de loin la musique des artistes internationaux (55 %) à celle des artistes francophones (14 %).

Au Festival OUMF

Le rap francophone intéresse néanmoins des jeunes qui écoutent surtout de la musique en anglais, a-t-on constaté le week-end dernier au festival Oumf, un événement de la rentrée destiné à la clientèle étudiante. Sa programmation extérieure en plein coeur du Quartier latin, près de l'UQAM, est même gratuite.

Kevin Vega, 17 ans, assistait comme nous au spectacle du rappeur montréalais anglophone Husser, qu'il ne connaissait pas. Il a appris l'existence d'Oumf sur Facebook. Il écoute un peu de rap québécois, dont Rymz et Koriass.

À l'inverse, Clémence Giroux - aussi croisée à Oumf - consomme beaucoup de musique francophone. Du rap, mais aussi Laurence Nerbonne, Fanny Bloom, Alex Nevsky, Karim Ouellet et Klô Pelgag.

L'étudiante en relations publiques à l'UQAM dirait que le quart de ses dépenses est consacré à la culture. «Aller au TNM, cela coûte quand même cher», explique-t-elle dans un sourire.