Un nouvel album publié pour son 80e anniversaire: le légendaire chanteur canadien Leonard Cohen aborde avec humour la question de l'âge dans Popular Problems, mais également la religion et la guerre.

«Ce n'est pas parce que je suis vieux... J'ai toujours aimé aller lentement», entonne-t-il dès le premier titre de ce treizième opus enregistré en studio, disponible le 23 septembre aux États-Unis. Soit deux jours après ses 80 ans.Simple coïncidence, selon l'interprète des classiques Hallelujah et So Long, Marianne.

Dans cet album, le premier depuis 2012, le poète rumine dans sa célèbre voix rauque des thèmes de la vie quotidienne comme la guerre, le deuil ou encore sa propre odyssée spirituelle.

Ainsi, dans l'un des morceaux les plus remarquables, des lamentations d'une chanteuse en arabe accompagnent sa complainte «Nevermind» sur l'anonymat des victimes de conflits armés. «L'histoire est racontée avec des faits et des mensonges/J'avais un nom/Mais ce n'est pas grave».

Lors d'une présentation de l'album dans une boîte de nuit new-yorkaise, Leonard Cohen a expliqué que la voix féminine représentait «les opprimés» qui sont oubliés dans les déclarations publiques.

«En général, rien de ce qui est dit en public ne nourrit ou ne résonne plus de manière vraiment authentique», a relevé le chanteur. «Donc, la Syrie ou une catastrophe à laquelle nous faisons face, tout se vaut. Cette voix incarne la majorité des personnes qui ne sont pas représentées».

M. Cohen, qui a refusé de commenter plus avant la situation de la planète, a écrit de nombreuses chansons déplorant les conflits comme dans Story of Isaac sur la guerre du Vietnam. Il a également plaidé pour la paix au Proche-Orient.

Juif et ordonné moine bouddhiste, le Canadien se plonge dans l'Exode avec Born in Chains, morceau accompagné d'un gospel.

Un retour sur scène bénéfique

Dans Samson in New Orleans, il déplore la destruction par l'ouragan Katrina en 2005 de la ville où le jazz a vu le jour. «Tu as dit que tu aimais ses secrets/Et sa liberté s'en est allée/Elle était meilleure que l'Amérique/C'est ce que je t'ai entendu dire».

L'album s'aventure dans la musique bluegrass avec Did I Ever Love You.

Le chanteur a coécrit la plupart des chansons de cet album avec Patrick Leonard, surtout connu pour avoir produit les albums à gros succès True Blue et Like a Prayer de Madonna.

Bien que sa créativité soit toujours foisonnante, Leonard Cohen n'a jamais caché que sa motivation pour enregistrer de nouveaux albums et faire des tournées mondiales depuis 2008 était essentiellement financière.

En 2004, il avait accusé son manager de longue date de lui avoir volé 5 millions $ alors qu'il vivait coupé du monde dans un monastère en Californie, ne lui laissant qu'un minuscule pécule pour sa retraite.

Aujourd'hui, il affirme avoir tiré profit de cette vie d'errance pendant les tournées.

«Retourner sur les routes a considérablement amélioré mon état d'esprit, parce que je n'ai jamais été très doué pour la vie de tous les jours», a confié le chanteur, qui lutte depuis plusieurs années contre la dépression.

Quant à ses projets d'octogénaire, il a déclaré non sans un brin d'ironie qu'il attendait depuis longtemps d'atteindre ce seuil pour pouvoir recommencer à fumer. Il a reconnu avoir une folle envie de savourer une cigarette grecque ou turque.

«J'attends avec impatience cette première bouffée. J'y pense depuis environ 30 ans».