Nous avons demandé à ces personnalités du monde culturel ce que la musique d'Harmonium représentait pour elles. Voici leurs réponses.

Marie Plourde - Ex-animatrice et journaliste, conseillère municipale

«Mes grandes soeurs écoutaient follement les disques d'Harmonium, et ça a ouvert mon esprit à des harmonies plus complexes.

Je me rappelle aussi très bien un langoureux slow que j'ai dansé sur Comme un sage dans le sous-sol d'un ami de classe.

C'était l'époque des premiers frenchs prodigués de façon trop technique, avec les langues qui tournent rigoureusement dans le sens des aiguilles d'une horloge, sans chaos ni anarchie de la bouche!»

Geneviève Borne - Animatrice

«J'ai découvert Harmonium à l'âge de 10 ans. Pour mon grand frère, qui faisait mon éducation musicale, Harmonium était de la même trempe que les plus grands groupes progressifs britanniques.

J'ai tout de suite eu un attachement profond pour ce groupe qui m'a fait l'effet d'une doudou. [...]

Si j'avais à expliquer ce qu'est l'âme québécoise à un ami russe ou islandais, je lui ferais écouter de l'Harmonium.

On y perçoit toute la mélancolie et l'espoir qui habitent l'âme québécoise.»

Photo: Olivier Pontbriand, La Presse

Geneviève Borne

Dany Turcotte - Animateur

«Je suis le dernier d'une famille de cinq. Quand le premier disque d'Harmonium est sorti en 1974, j'étais très jeune.

Mais je me souviens très bien des tounes d'Harmonium venant du sous-sol accompagnées d'odeurs suspectes tandis que mes frères et soeurs l'écoutaient.

Ça a peut-être influencé mon personnage de Verveine que j'ai créé après ça! Le tout premier album que j'ai acheté à 13 ans était Deux cents nuits à l'heure de Fiori-Séguin.

De temps à autre, je me permets de le réécouter et ça me propulse dans mes années d'adolescence.»

ICI Radio-Canada Télé

Dany Turcotte anime La petite séduction.

Normand Brathwaite - Animateur

«J'habitais chez mes parents dans Rosemont, mais ça me rappelle le Vieux-Montréal où j'ai vu plusieurs gars aux cheveux longs jouer de la guitare.

Dans cet océan de cheveux, ai-je vu Fiori? Je ne le sais plus. Le premier album d'Harmonium, c'était le premier avec des accords qu'on n'était pas capables de reproduire!

La structure des tounes de Serge était vraiment plus fluide que celle des autres bands. Et comme il utilisait beaucoup la 12-cordes, ça nous «fuckait» tous!»

Photo: archives La Presse

Normand Brathwaite

Gregory Charles - Musicien et animateur

«Si Félix est mon Dylan, si Ferland est mon Elton, si Charlebois est mon Springsteen, Harmonium, c'est mon Queen. Harmonium, c'est LE projet musical progressif de notre histoire.

Au début, ce sont des mélodies accrocheuses et mélancoliques. Et puis, dans l'espace de quelques années, Fiori et ses copains deviennent des prophètes. Pour le jeune musicien classique que j'étais en 1976, L'heptade, c'est Goodbye Yellow Brick Road. Non, c'est la Neuvième de Beethoven.

Comme un fou, Le corridor, Lumière de vie: je les ai écoutées tous les jours, je les ai senties, je les ai décortiquées, je les ai jouées, je les ai pleurées, je les ai aimées et je les aime encore plus aujourd'hui. La musique d'Harmonium est pour moi la lumière de vie.»

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Gregory Charles