Les soeurs Boulay, Keith Kouna, Gros Mené et Groenland ont tous remporté deux trophées, dimanche soir, lors du Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ), tenu au Théâtre Plaza.

Au gala de l'ADISQ, elles ont gagné les Félix de la révélation et de l'album folk de l'année. Au GAMIQ, Les soeurs Boulay ont raflé le trophée de l'artiste de l'année et aussi celui du meilleur cru folk. «Je trouve ça l'fun que l'ADISQ soit arrivé avant le GAMIQ. C'est de réunir toutes les musiques sur la même corde à linge», a dit à La Presse Stéphanie Boulay. «Le GAMIQ est le premier prix qu'on a gagné de notre vie (l'an dernier)», a ajouté sa soeur Mélanie.

Nommé trois fois à l'ADISQ, Keith Kouna s'est valu les honneurs de l'auteur-compositeur et de la chanson de l'année pour Batiscan. Absent en raison d'un dur lendemain de veille, Gros Mené a aussi mérité deux prix (meilleur spectacle et album rock) qui s'ajoutent au Félix du meilleur album alternatif. 

Boogat a complété un doublé ADISQ et GAMIQ dans la catégorie du meilleur album world. «Je ne m'attendais à rien. C'est cool, car ça fait longtemps que je travaille fort, donc je suis prêt quand les prix arrivent», a déclaré le rappeur latino-montréalais pour qui le Félix a eu «un impact automatique» sur sa carrière.

Sans entrer dans le débat annuel à savoir si le GAMIQ a perdu de sa pertinence par rapport à l'ADISQ, force est de constater que la scène dite émergente se porte de mieux en mieux si les deux galas consacrent les mêmes gagnants. 

Pour renforcir sa mission, le GAMIQ a modifié ses règlements au fil de ses huit ans d'existence. Sont exclus des nominations les artistes dont l'une des chansons a atteint le palmarès annuel des 50 albums les plus vendus au Québec ou qui ont déjà récolté une nomination à l'ADISQ dans certaines catégories de pointe lors des années précédentes (et non celle en cours). Cela concerne les Bernard Adamus, Marie-Pierre Arthur, Patrick Watson et Lisa LeBlanc (et donc Les soeurs Boulay l'an prochain, par exemple).

«Tant mieux si des artistes sortent du GAMIQ, lance Sébastien Charest, directeur du scrutin. Il y a des similitudes entre les deux galas, mais nous couronnons beaucoup d'artistes qui ne sont pas à l'ADISQ et qui méritent cette visibilité-là.» 

Dans les différentes catégories du meilleur album de l'année, le GAMIQ a en effet récompensé Brutal Chérie (punk), Alaclair Ensemble (hip-hop), Tire le Coyote (country) et thisquietarmy (expérimental). Malheureusement, les gagnants Kid Koala (électro), Suuns (indie-rock) et Obey The Brave (métal) brillaient par leur absence, ce qui a causé quelques passages à vide pendant le gala. 

Le GAMIQ donne particulièrement une tape dans le dos à des groupes anglophones fort talentueux de Montréal. Des groupes dont la barrière de la langue freine la visibilité médiatique et radiophonique dans les médias francophones. Groenland, sacré révélation de l'année et lauréat du meilleur album pop, dimanche soir, en est un bon exemple avec sa pop-indie orchestrale. «Ça veut dire quelque chose pour nous, car les membres du jury ont écouté notre album. Dans notre tête, on fait de la pop, mais on ne connaît rien de la pop qui joue à la radio», nous a dit la chanteuse Sabrina Halde. 

Le GAMIQ, «c'est la reconnaissance minimum d'avoir bûché longtemps», a dit Thierry Hivon, du groupe punk Brutal Chérie. «C'est gros pour nous et ça nous permet d'avoir un following. Ça peut faire en sorte que la journaliste de La Presse va écouter notre album (c'est déjà fait)», nous a lancé son acolyte Antoine Legault.

Les Appendices l'ont remporté dans la catégorie humour. Une consolation pour avoir perdu à l'ADISQ? «Non, comment voulais-tu qu'on gagne contre Jean-Michel Anctil?», ont-ils lancé en choeur. 

Avec pas d'casque s'est valu le prix du clip de l'année pour La journée qui s'en vient est flambant neuve et FOXTROTT celui du meilleur EP pour Shields.

Party de famille

Chaque année, une ambiance de party de famille règne au Théâtre Plaza pendant le GAMIQ. Les délurés membres du collectif rap Alaclair Ensemble ont animé la soirée en compagnie de Mélissa Hétu de l'émission BRBR. Le public a eu droit à des prestations de Half Baked, Mardi Noir, Pyongyang et Pawa Up First. Le house-band Dance Laury Dance a fouetté la soirée de son hard-rock poilu. 

Paradoxe, la télé publique francophone ontarienne (TFO) diffusait le gala en direct sur le web grâce à l'équipe de l'émission de musique BRBR.