Après un bac en communication, elle est devenue imprésario de groupes punk-rock et a connu des tournées fort différentes de celles où, enfant, elle suivait son père. Elle avait toujours écrit, si bien qu'elle a pensé signer des chansons pour les autres. À 25 ans, Aurélie Cabrel ose finalement monter sur scène avec un premier album convaincant, aux accents rock, qui n'a rien à voir avec les douces chansons guitare/voix de son père Francis Cabrel.

Aurélie Cabrel en a passé du temps dans les coulisses, que ce soit lors des spectacles de son père quand elle était enfant, ou en tant qu'imprésario de groupes punk-rock. «Plutôt que de poursuivre mes études, j'ai décidé de partir sur la route avec un groupe de ma région, Le manège grimaçant, raconte-t-elle. Nous ne sommes jamais aussi bien formés que sur le terrain. Je me suis retrouvée à produire des spectacles et à fonder une agence événementielle.»

En parallèle, la jeune femme écrivait beaucoup. «J'ai aussi toujours aimé la philosophie, le français et faire des dissertations. Comme tout ado, j'ai commencé à écrire de la poésie après mon premier chagrin d'amour. Tranquillement, les poèmes sont devenus des chansons.»

En 2007, Aurélie Cabrel a fait un stage d'écriture aux Rencontres d'Astaffort, fondées par son père. «C'est quelque chose qui me faisait du bien, me soulager dans l'écriture, mais je ne pensais pas en faire un autre métier. J'ai même déjà pensé à être auteure pour les autres.»

La jeune femme s'est toutefois rendue à l'évidence: elle avait les pieds dans les coulisses, mais l'appel de la scène était là. Et tant pis si le père de l'aînée de trois soeurs est Francis Cabrel. «Je n'avais pas envie de passer ma vie à dire: je n'oserais jamais [...] Passer derrière mon père, c'est impressionnant et on a peur de la comparaison. Je suis la première fan de mon père, mais il n'y a pas de compétition à être à la même hauteur que lui.»

Qu'Aurélie Cabrel se rassure. Il n'y a pas lieu de la comparer à son père puisque sa musique est fort différente, avec ses pièces pop-rock bien de son époque qui ont du mordant et ses ballades au piano. «J'ai une culture musicale différente de la sienne. Ma musique n'est pas guitare/voix.»

Voix chaude

La chanteuse, qui semble beaucoup plus mature que ses 25 ans, a une voix chaude, feutrée et féminine, qui sert des pièces rock aux influences et arrangements électro-acoustiques multiples, avec un dosage intelligent de pop. «Il y a ce fossé entre certains morceaux, mais on s'est servis de la voix pour uniformiser l'album. Je voulais jouer sur les contradictions sans me cantonner dans un style. En studio, je voulais travailler dans tous les sens possibles sans penser à la radio ou à ce que les gens veulent entendre», détaille celle qui cite parmi ses influences Radiohead, Muse et Zazie.

C'est son ami collaborateur belge Esthen qui signe la réalisation et les musiques de l'album Oserais-je? (un titre de circonstance), en magasin au Québec mardi. Aurélie Cabrel signe les textes de plusieurs chansons, mais elle a également sollicité les plumes de Clémence de la Taille, Guillo et Syan. «J'ai rencontré Esthen aux Rencontres d'Astaffort en 2007. J'étais là en tant qu'auteure et lui en tant que compositeur. On a fusionné musicalement et on est toujours restés en relation, raconte-t-elle. J'avais du mal à me dire que j'allais faire un album, mais il était là pour me donner confiance en moi.»

Esthen sera par ailleurs avec Aurélie Cabrel quand elle atterrira à Montréal mardi pour une tournée promotionnelle. «Si j'habitais ailleurs qu'en France, ce serait au Canada, signale-t-elle. J'aime ces populations qui ont une telle facilité à communiquer.»

POP-ROCK

AURÉLIE CABREL

OSERAIS-JE?

TANDEM