Plus de six mois après la parution de A Letter to No One, le Pascale Picard Band effectuait sa rentrée montréalaise en bonne et due forme hier soir, au Club Soda, une rentrée pourtant déjà bien rodée, le groupe ayant brisé la glace à quelques reprises ces derniers mois. Le Soda était plein, et la musicienne a vite retroussé ses manches pour nous pelleter ses racoleuses chansons aux oreilles, avec la dégaine qu'on lui connaît.

Elle a vu neiger, la Pascale, depuis le succès inattendu de Me, Myself&Us en 2007. Près de 300 000 albums écoulés ici et en Europe, pour vous donner une idée de grandeur - plus modestes, les ventes du récent disque se chiffrent tout de même déjà à 20 000 exemplaires. Et avec le succès, les invitations, les tournées, des centaines de concerts en quatre ans. Ça ne fait pas qu'user les souliers, ça s'appelle l'expérience.

Ses effets sautent aux oreilles dès les premières secondes de Five Minutes, qu'elle entame à 20h45 pile devant un parterre fébrile, suivie par l'accrocheur single Shooting Star, puis de A Letter to No One, intégralement joué pendant l'heure et demie qu'a duré le concert.

Intensité et contrôle

L'expérience se manifeste dans le groupe, d'une rigueur exemplaire. Chez la meneuse de claque, moins échevelée qu'à notre première rencontre sur scène. Pas moins énergique, seulement animée d'une énergie mieux canalisée, et finalement plus intense qu'alors.

Et pourtant... «On est le Pascale Picard Band, pour ceux qui sont perdus», annonce la brunette avec la guitare après Shooting Star en guise de salutations à ses fans. Petits fous rires dans la salle. «Bon, s'cusez, le stress qui tombe, là...» Une première peut-être pas comme les autres, parce que justement, il n'y en a pas eu beaucoup d'autres dans la carrière encore verte du Band. Le deuxième album pour voir si les radios répondent toujours à l'appel, la deuxième tournée, tout d'un coup que le public serait toujours au rendez-vous. Le vrai test.

Histoire d'amour

Mais une fois le stress tombé, c'est Pascale Picard Band en forme explosive qui enchaîne avec une chanson «plus douce», Hide and Seek, puis If I Let You, avant d'offrir sans faire languir la foule la Gate 22 du premier album qui avait scellé l'histoire d'amour entre cette fille de Québec qui chante en anglais et les Québécois. Plus tôt cette semaine, c'est chez elle, au Grand Théâtre de Québec (900 places, un premier concert dans cette grande salle) qu'elle faisait sa rentrée.

Au moment de mettre sous presse, nous n'en étions encore qu'à la mi-concert et il était évident que l'énergie n'avait pas fini de lever, même si le public avait visiblement encore besoin d'apprivoiser les nouvelles chansons de A Letter to No One.

«Bon, ça va, tout le monde se réveille?» Sous l'impulsion de Marc Chartrain à la batterie et Philippe Morrissette à la basse, le rythme prenait le dessus, les guitares de Simon Pedneault et Louis Fernandez rugissaient plus fort, les vieux relents de punk rock remontaient à la surface et la foule se faisait plus bruyante, plus sifflante. On peut aisément s'imaginer le mosh pit qui crépite au parterre juste avant le rappel, tiens, même si elle nous a avertis de ne pas en faire...

Ne soyons pas dupes: sous ses jolies petites robes noires, malgré les accords de guitare acoustique et les refrains pop qui plaisent aux radios commerciales, la leader du Pascale Picard Band cultive encore son côté rebelle. Mais pour le voir, faut aller au concert; ce soir, encore au Club Soda, puis le 17 décembre à la salle André-Mathieu de Laval. La tournée reprendra début février 2012.