Le nouveau spectacle que donnera Céline Dion à Las Vegas à compter du 15 mars a changé plusieurs fois d'identité. Au départ, on voulait présenter au Colosseum le spectacle de la tournée mondiale 2008-2009 Taking Chances. Puis, en février 2010, on a annoncé un concert dont le thème serait le romantisme des films classiques d'Hollywood.

«Ce sont d'excellentes chansons, mais pas pour une chanteuse à voix comme Céline», explique Yves Aucoin, concepteur de la production. «En fait, on craignait que ça soit ben plate», ajoute en riant Denis Savage, directeur des opérations.

Au cours des derniers mois, le concept a encore changé pour inclure les grands succès de Céline Dion avec un tiers d'autres chansons connues, à une ou deux exceptions près, mais qu'elle interprétera pour la première fois. «On trouvait important qu'elle se fasse plaisir et qu'elle chante ce qu'elle a envie de chanter», explique le directeur musical Claude Mégo Lemay qui a travaillé avec la chanteuse jusqu'à quelques jours de son accouchement.

Céline Dion sera entourée de 31 musiciens dont son groupe habituel dirigé par Mégo, et des sections de cordes et de cuivres. L'idée du grand orchestre s'est vraiment imposée lors du spectacle sur les plaines d'Abraham en août 2008. Le percussionniste Paul Picard est de retour, après avoir cédé sa place à Nanette Fortier, et la chanteuse Mary-Lou Gauthier sera remplacée par Dawn Cumberbatch qu'on a vue récemment avec Daniel Bélanger. Les répétitions avec Céline Dion commencent ces jours-ci en Floride. Ce sera la première fois que les cordes, dirigées par Philippe Dunnigan, et les cuivres vont jouer avec le groupe de Mégo. Tout ce beau monde va se retrouver à Las Vegas autour de la Saint-Valentin pour répéter dans le décor du Colosseum.

La direction artistique du spectacle a été confiée à Ken Ehrlich, le réalisateur de longue date de la cérémonie des Grammys qui a signé quelques émissions spéciales de Céline Dion à la télé américaine. C'est lui qui l'a invitée à participer à un hommage à Michael Jackson l'an dernier. «Même s'il travaille pour la télé, il a une culture musicale. De tous les metteurs en scène avec qui nous avons travaillé, c'est celui qui est le plus proche de notre univers», commente Mégo.

Un spectacle élégant

Contrairement à A New Day, le nouveau spectacle ne misera pas sur la danse et le cirque façon Franco Dragone. Fini la scène inclinée qui a donné des maux de dos à la chanteuse. «On a dépensé plus de 40 millions sur le premier spectacle, cette fois ça sera un peu moins, je pense, indique John Meglen président du producteur AEG Live. Ce sera un spectacle élégant. Céline n'a pas besoin de faire un autre spectacle inspiré du cirque, mais ça sera un spectacle qu'on ne pourra voir qu'à Las Vegas.» Gary Selesner, président du Caesars Palace, renchérit: «À Las Vegas, il faut que les spectateurs aient le souffle coupé, qu'ils retournent chez eux en disant à tous leurs amis: allez voir ça! On m'a donné un aperçu de quelques-uns des moments forts du spectacle. Rien de tel n'a jamais été tenté.»

Ken Ehrlich connaît Céline Dion depuis le début des années 90. Ce qui en fait une artiste à part, dit-il, c'est sa confiance en elle et le fait qu'elle adore être mise au défi et prendre des risques. «Le spectacle précédent était plus grand que nature, le premier à marier le cirque avec une tête d'affiche. Cette fois, Las Vegas connaît mieux Céline et Céline est plus à l'aise à Las Vegas. Il faut qu'il y ait un facteur wow! mais ce n'est pas nécessaire d'avoir 40 danseurs sur la scène et des gens qui volent dans les airs. On veut montrer combien Céline est une grande artiste et, franchement, ça ne ressortait pas toujours dans le spectacle précédent parce qu'il se passait tellement de choses autour d'elle.»

Le grand écran de A New Day sera encore utilisé, mais il n'aura pas un rôle aussi dominant, promet Ehrlich qui parle de nouvelles trouvailles technologiques et souligne l'apport de l'entreprise montréalaise Moment Factory au chapitre de la vidéo. Aucoin et Savage veulent surtout exploiter l'immense scène du Colosseum, qui fait quatre fois la superficie de celle du Centre Bell. «Céline m'a dit: «Je ne veux pas de gimmick», raconte Aucoin. Quoi qu'on fasse, on ne surpassera jamais la puissance de cette femme-là. On essaie juste de rendre ça intéressant autour d'elle.»