À leur dernière halte montréalaise en 2008, ils avaient abondamment revisité leur passé. Mais hier au Centre Bell, les gars d'Iron Maiden étaient clairement tournés vers le présent. Sinon l'avenir.

Galvanisé par la sortie imminente de son 15e album studio, (The Final Frontier, en magasin le 17 août), le mythique groupe de métal britannique a donné, comme à chaque fois, la pleine mesure de son kitsch et de sa grandiloquence. Il a aussi prouvé qu'il n'avait pas l'intention d'être réduit à ses succès antérieurs.

Alors que la tournée précédente insistait lourdement sur le matériel cultissime des années 80, celle de 2010 s'attarde essentiellement aux chansons du 21e siècle.

Même le décor scénique semble annoncer une mise en orbite futuriste. Loin du sphynx égyptien du show de 2008, on se trouvait cette fois sur une base spatiale, avec turbines et émetteurs clignotants. Une aire de jeu construite sur mesure pour le chanteur Bruce Dickinson, toujours aussi phénoménal en ninja métallo-athlético-opératique, qui ne faisait, mais alors vraiment pas, ses 51 ans.

Pendant la première heure et demie de spectacle, Maiden a donc réactivé le «stock» de ses trois derniers albums, Dance of Death (Wildest Dreams, No More Lies), Brave New World (Wicker Man, Ghost of the Navigator, Brave new World Blood Brothers - dédiée à feu Dio) et A Matter of life of Death (These Colours dont Run, The Reincarnation of Benjamin Breeg), en plus d'annoncer son prochain disque, avec la chanson El Dorado.

Ceux et celles (surtout ceux) qui voulaient entendre Run for the Hills, The Trooper ou Aces High n'ont pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Hormis Wrathchild, livrée en début de concert, il leur faudra attendre la toute fin du voyage pour entendre Fear of the Dark, Iron Maiden ou Number of the Beast.

Problème? Justement pas. Contrairement à la plupart des groupes de l'époque, qui parviennent difficilement à renouveler l'intérêt, Iron Maiden semble avoir trouvé un écho dans ses chansons plus récentes. Sa horde de 14 000 fans, loyaux et increvables, était là pour le prouver, chantant à l'unisson tous ses hymnes incantatoires, comme s'il s'agissait d'une immense messe métallurgique.

L'autre bonne nouvelle, c'est que son public aussi se renouvelle. Quand Dickinson a demandé qui en était à son premier concert de Maiden, des milliers de mains se sont levées. «Incroyable!, a riposté le chanteur en français - langue qu'il utilisera d'ailleurs toute la soirée. Ça, ça veut dire qu'il y a un bon futur pour nous! Je vous souhaite bienvenue dans notre famille. »

Audrey Anne, 17 ans, était l'incarnation de cette nouvelle génération de fans. Pas encore née quand le groupe a lancé son premier microsillon (1980) elle a découvert Maiden par son père. Loin de faire un trip nostalgique, elle vivait hier sa première expérience en concert. «Je les aime parce qu'il n'y a rien de meilleur dans le genre. Ils sont restés fidèles à leur style. Ils sont restés fidèles à eux-mêmes.»

Voilà sans doute pourquoi Iron Maiden ne rouille pas. Même s'il se regénère, le groupe anglais est resté «old school», voire pur et dur. Son complexe lunaire en carton pâte, surplombé d'écrans imprimés, valait bien tous les lasers et système de projection LED dernier cri. Quant aux musiciens, Dieu merci, ils n'avaient pas renoncé à leur look métalloide. Hormis Dickinson, plus moderne avec sa tuque et ses pantalons d'armée, le band avait l'air tout droit sorti du film Spinal Tap, surtout le guitariste Janick Gers, tout simplement impeccable avec ses espadrilles blanches, ses pantalons de spandex et sa longue crinière de cheveux crêpés qui flottait sous un ventilateur.

Mais en ce qui nous concerne, le show était aussi dans la salle. Devant nous, les deux plus gros fans de Maiden sur terre s'égosillaient comme si leur vie en dépendait. Celui de droite en était à son 14e show de Maiden. Celui de gauche faisait le  «air guitar» ET le «air drum» en même temps. Poings levés, signes de devil en signe d'appartenance à la secte, ils connaissaient toutes les chansons par coeur. A la fin du concert, ils avaient carrément enlevés leurs t-shirts. On est partis à la fin du rappel, avant qu'ils n'enlèvent le reste. Maideeeeeen!!!!