Zubin Mehta rencontrait les médias hier midi à l'occasion de son retour à l'OSM, dont il fut le chef de 1961 à 1967. Grand moment de nostalgie pour ceux qui étaient là alors, le «ceux» se limitant finalement à Mehta et à celui qui signe ces lignes.

Les représentants des médias présents hier n'étaient probablement même pas nés et l'impression, chez les «anciens», de «faire partie de l'histoire» est renforcée par les affiches des concerts que l'OSM donnait en 1962 en URSS, à Vienne et à Paris.

Les effectifs actuels de l'OSM sont d'ailleurs entièrement différents de ceux d'alors. Mehta évoque quelques souvenirs. «J'ai beaucoup appris d'eux et moi, je les ai amenés à un nouveau répertoire.»

Mehta est revenu l'an dernier, après 10 ans d'absence, et nous l'avions interviewé à ce moment-là. Il n'a donc pas grand-chose de très nouveau à raconter. Il dirige actuellement le Maggio Musicale Fiorentino et l'Orchestre Philharmonique d'Israël et ne souhaite pas de troisième poste. «Deux, c'est assez!», lance-t-il. Sa résidence officielle est Los Angeles mais son activité est de plus en plus concentrée en Europe.

La Tétralogie de Wagner qu'il dirige à Valence, Espagne, pour diffusion en DVD, est presque terminée; il ne manque que le Götterdämmerung. Par ailleurs, il vient de signer son autobiographie, en allemand, langue qu'il parle couramment, ayant travaillé en Allemagne et en Autriche. Lancement en octobre dans son pays natal, l'Inde, à l'occasion d'une tournée qu'il y fera avec son orchestre israélien.

Des enregistrements en vue? Mehta mentionne beaucoup d'enregistrements réalisés en Israël pour téléchargement. «Mais je n'ai rien entendu de tout ça.» Il ne sait même pas s'il a été payé, ajoute-t-il! Par contre, il vient d'enregistrer les deux Concertos pour piano de Chopin avec Lang Lang et le Philharmonique de Vienne. Enregistrement «live», dit la pochette, bien qu'on n'entende pas le moindre bruit de salle - procédé de plus en plus courant, comme on sait. Mehta insiste: «Cela a bel et bien été enregistré en concert avec retouches ensuite.» L'impression, c'est que le disque est fait principalement de retouches.

Pour le centenaire Messiaen, Mehta a choisi pour demain soir Et exspecto resurrectionem mortuorum. Il a connu Messiaen et le respecte, jusque dans son affectation. «J'ai travaillé avec beaucoup de compositeurs. Plusieurs, et des plus grands, ne connaissaient pas leurs propres oeuvres et ne les entendaient même pas bien en répétition. Je connais deux exceptions: Messiaen et Boulez. Pas une note de leur musique ne leur échappait !»

Mehta nous apprend que la ville de Florence aura bientôt un nouveau théâtre d'opéra. Que pense-t-il de l'idée d'une nouvelle salle pour l'OSM? «Vous avez de ces rêves? ...»Et, passant à l'anglais en pointant la salle Wilfrid-Pelletier: «What's wrong with this one? ... Oui, je sais, elle sert au concert et à l'opéra et elle est un peu grande. L'idéal, aujourd'hui, avec la baisse de fréquentation, c'est 1800 sièges.»