Pour des raisons tout à fait indépendantes de ma volonté - et vous pouvez me croire! -, il m'a été impossible de parler avant aujourd'hui du récital de Marc-André Hamelin mardi soir dernier à l'église de L'Assomption.

Malgré la chaleur qu'il faisait parmi les 500 auditeurs, notre pianiste hors normes (j'ose le terme!) a signé là un autre tour de force. Son programme puisait à trois sources très différentes. Il a donné à la Sonate en un mouvement d'Alban Berg une discrète couleur romantique qui la rendait plus convaincante qu'elle ne l'est habituellement. Dans le tempo plutôt rapide qu'il avait adopté, la Sonate op. 35 de Chopin prenait une dimension dramatique assez nouvelle. Seule réserve: le ton un peu doucereux choisi pour le trio central de la fameuse Marche funèbre (le troisième mouvement).

Le moment le plus attendu, c'était, bien sûr, le Concerto pour piano seul d'Alkan dont Hamelin s'est fait le champion: déjà à Lanaudière en 1993 et deux fois au disque. Cette fois encore, il l'a joué avec une technique absolument grandiose. Mémoriser et jouer toutes ces notes est un exploit que très peu de pianistes actuels peuvent accomplir. En même temps, Hamelin rend avec musicalité et intériorité les épisodes tendres et même sombres que contient cette musique davantage que simplement spectaculaire.

L'étonnement ne s'arrête pas là. Hamelin ajoute immédiatement un rappel: le Nocturne op. 27 no 2, en ré bémol majeur, de Chopin, qu'il rend avec autant de poésie que les plus grands interprètes de ce compositeur.

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MARC-ANDRÉ HAMELIN, pianiste. Berg, Chopin, Alkan. Mardi soir, église de L'Assomption. Dans le cadre du 31e Festival de Lanaudière.