Personne ne connaît mieux l'orgue Casavant de Notre-Dame que celui qui en est le titulaire depuis 1973, Pierre Grandmaison. L'organiste - 60 ans l'an prochain - nous en donna une nouvelle preuve hier, s'étant réservé une petite place aux récitals d'une heure qu'il organise à sa tribune les dimanches d'été.

Son grandiose déploiement d'anches variées dans le Dialogue (on lisait «Grand Dialogue») de Louis Marchand et son ornementation très détaillée dans le Récit de Nicolas de Grigny - pièces écrites un peu avant 1700 - montrèrent que le vaste instrument électropneumatique de 1890 peut effectivement rendre les finesses et les couleurs des orgues baroques français.

Contemporain de Franck, avec les mêmes caractéristiques que les orgues que joua le compositeur belge, celui de Notre-Dame se prête sans problème à ce répertoire d'avant 1900. Les Trois Pièces de 1878 furent ainsi reconstituées très fidèlement, depuis le jeu de «voix humaine» indiqué par Franck jusqu'à la pleine puissance des claviers réunis où chaque voix parlait avec clarté.

M. Grandmaison avait glissé un Bach peu familier au milieu de ce programme français: la Fantaisie en sol majeur BWV 572 (le feuillet indiquait erronément 578), à laquelle Bach donna aussi un titre français, Pièce d'orgue. Dans une sobre registration allemande, l'organiste en traduisit bien chacun des trois épisodes, marqués «très vitement», «gravement» et «lentement».

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PIERRE GRANDMAISON, organiste. Hier soir, basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).